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Par Pete Davidson (conseiller principal en conservation) et David Bradley, Ph. D. (gestionnaire des programmes en Colombie-Britannique), Oiseaux Canada

 

Les limicoles (aussi appelés oiseaux de rivage) servent de liens entre les humains et les lieux. Ils symbolisent les milieux humides des côtes et des zones intérieures, qui comptent parmi les habitats les plus riches et les plus menacés de la planète. Leurs comportements, leurs murmures envoûtants et leur beauté intrinsèque captivent l’imagination de millions de personnes. Mais les limicoles sont difficiles à étudier. Ils restent rarement au même endroit très longtemps. Beaucoup d’entre eux se reproduisent dans les régions boréale et arctique et franchissent des milliers de kilomètres pour hiverner dans les régions tempérée et tropicale, en faisant halte brièvement à quelques endroits seulement en cours de route. Les auteurs du rapport sur l’état des populations d’oiseaux du Canada 2019 ont estimé à 40% la baisse des effectifs au Canada depuis 1970. Il est encore très difficile de déterminer la cause du déclin, précisément parce que les limicoles sont extrêmement mobiles et qu’une partie des données les plus précieuses à leur sujet est recueillie à des endroits où ils ne passent que quelques jours chaque année.

A group of Western Sandpipers feeding.
 Bécasseau d’Alaska Photo : Pete Davidson

En 2011, un petit groupe de fanatiques des limicoles s’est rassemblé à Vancouver. Nous étions motivés en particulier par l’inquiétude relative aux populations du Bécasseau d’Alaska et du Bécasseau variable (sous-espèce pacifica). Actuellement, il s’agit des deux plus importantes populations de limicoles présentes le long de la Voie migratoire du Pacifique, mais elles se raréfient. Misant sur une décennie de travaux menés dans le cadre de la Copper River Delta Migratory Bird Initiative (initiative des oiseaux migrateurs du delta de la rivière Copper), nous voulions trouver une nouvelle façon d’explorer les causes des changements dans les populations de limicoles. La méthode d’étude traditionnelle consistait à comparer les résultats des dénombrements réalisés seulement là où les oiseaux se rassemblaient en plus grand nombre. Notre nouvelle approche consistait à compter les oiseaux à une échelle beaucoup plus grande – à l’échelle de toute la voie migratoire – en coordonnant les efforts de citoyens scientifiques bénévoles en vue de suivre les changements des effectifs dans l’espace et dans le temps.

Il nous a fallu cibler les régions le long de la Voie migratoire du Pacifique où les oiseaux sont les plus établis et les plus accessibles plutôt que là où ils sont constamment en mouvement pendant leurs migrations. Les endroits les plus propices sont ceux où ceux-ci passent leur hiver, de décembre à février. Nous avons choisi d’examiner une série de causes possibles du déclin des populations: perte d’habitat, perturbations, pollution et changements climatiques. Ensuite, il suffisait de coordonner les travaux. Facile, n’est-ce pas? Or la région qu’il fallait couvrir s’étendait depuis la Colombie-Britannique dans le nord jusqu’à l’île de Chiloé, au Chili, dans le sud!

Shorebirds (Dunlin and Western Sandpipers) roosting
 Bécasseau variable et Bécasseau d’Alaska Photo: David Bradley

C’est ainsi qu’est né le Migratory Shorebird Project (projet d’étude des limicoles migrateurs; page en anglais), mené sous la direction de l’organisme Point Blue Conservation Science et soutenu par de l’argent neuf fourni par le service des forêts des États-Unis et la fondation Lucile Packard. Nous avons eu la chance de pouvoir tabler sur les données recueillies dans le cadre de programmes de science citoyenne en Californie, au Mexique et au Canada – dont le Relevé des oiseaux aquatiques côtiers de la Colombie-Britannique d’Oiseaux Canada. En 2020, l’effort de surveillance mobilise 13 nations grâce à un réseau de partenaires et à un effort de formation intensive. Si bien que le Migratory Shorebird Project est vraisemblablement une des plus importantes initiatives de science participative sur le continent, laquelle est rendue possible par le leadership de plus de 40 organisations et agences.

Un article en anglais avec résumé en français paru récemment dans la revue scientifique électronique Avian Conservation and Ecology décrit l’approche novatrice du dénombrement de limicoles à l’échelle d’une voie migratoire adoptée par le Migratory Shorebird Project. En outre, il présente les résultats des travaux de surveillance menés pendant les trois premières saisons du programme (de 2013-2014 à 2016-2017). Certaines années, on a compté plus d’un million d’oiseaux représentant plus de 20% des populations mondiales de cinq espèces. Nous comptons diffuser d’autres publications qui présenteront différentes hypothèses pour expliquer les baisses d’effectifs des limicoles basées sur d’autres saisons de données. Les participants bénévoles à notre Relevé des oiseaux aquatiques côtiers de la Colombie-Britannique pourraient être particulièrement intéressés de savoir ce que cette collaboration pourrait révéler sur les baisses à long terme à l’échelle locale des populations de Bécasseaux variables dans la mer des Salish, au Canada – un avant-goût du contenu de notre prochaine publication présentant la situation sur la côte du Pacifique!

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