
Par Kyle Horner, coordonnateur de la mobilisation – NatureCounts, Oiseaux Canada
L’état des populations d’oiseaux au Canada 2024, qui vient de paraître, est le fruit d’un partenariat entre Oiseaux Canada et Environnement et Changement climatique Canada. Il repose sur plus de 50 ans de données de surveillance aviaire, la majorité récoltées par des citoyens scientifiques. Le rapport combine ces données et l’analyse d’experts en vue de répondre à une question simple :
Comment se portent les oiseaux du Canada?
Comme vous pouvez l’imaginer, il n’existe pas de réponse simple à cette question simple. L’état des populations d’oiseaux du Canada traite la question de deux façons: un compte rendu sur chaque espèce présente régulièrement au pays et un rapport sommaire. Si vous vous intéressez au portrait d’ensemble, ce rapport est le point de départ.
Le nouveau rapport s’appuie sur des rapports similaires parus en 2012 et 2019 et les développe, mais l’analyse est nouvelle et améliorée. Nous disposons de données sur un plus grand nombre d’espèces que jamais auparavant, et deux nouveaux groupes d’oiseaux sont présentés pour la première fois. Il y a beaucoup de choses à décortiquer, mais cela commence par un graphique qui peut sembler familier.

Oiseaux Canada et Environnement et Changement climatique Canada. 2024. Rapport sur l’état des populations d’oiseaux du Canada. Accessible à partir de NatureCounts. DOI : 10.71842/90nq-ac56
Comme ses prédécesseurs, ce rapport regroupe les oiseaux en fonction de leurs lieux et modes de vie. En étudiant ces groupes, nous pouvons voir quels oiseaux peuvent être confrontés à des menaces communes ou bénéficier des mêmes mesures de conservation. Vous pouvez lire sur chaque groupe en détail dans le rapport, mais pour commencer…
L’état des populations d’oiseaux du Canada présente cinq grandes constatations.
- Les oiseaux des prairies sont en crise.
Les populations d’oiseaux qui vivent dans les prairies du Canada ont diminué de 67 % depuis 1970. Certains d’entre eux, comme les Plectrophanes à ventre noir et à ventre gris, ont subi un déclin de plus de 95 %. Il ne fait aucun doute que ces oiseaux sont en grande difficulté.
La plus grande menace qui pèse sur les oiseaux des prairies du Canada est la destruction et la dégradation des prairies naturelles dont ils dépendent. Pour sauver ces espèces, il est urgent de prendre des mesures de conservation de leur habitat.

Le Plectrophane à ventre noir pourrait disparaître des Prairies si ce déclin se poursuit. Photo : May Haga
2. Les effectifs limicoles sont en chute libre.
Le nombre de limicoles a diminué de 42 % au pays depuis 1980. Plusieurs espèces se reproduisent dans l’Arctique ou les Prairies, deux régions où les changements climatiques causent des problèmes. Dans l’Arctique, le calendrier des phénomènes annuels, par exemple l’émergence des insectes, change. Dans les Prairies, sécheresses et inondations deviennent plus fréquentes et plus graves.
La plupart des oiseaux de rivage du Canada sont des migrateurs. Ils souffrent de la perte d’habitat tant aux haltes où ils se reposent et font le plein d’énergie que là où ils passent la période de non-reproduction. La conservation des oiseaux de rivage est un enjeu complexe qui nécessite des solutions ambitieuses.

Les populations de Barges hudsoniennes sont effondrées, avec un déclin de 93 % depuis 1970. Photo : Ethan Denton
3. La situation des insectivores aériens s’est stabilisée.
Les effectifs des insectivores aériens – les oiseaux qui chassent des insectes en vol – ont baissé de 43 % depuis 1970, mais la situation semble se stabiliser. C’est une source d’espoir, mais on dénombre pourtant beaucoup moins de ces oiseaux qu’autrefois. Il est essentiel de poursuivre les efforts pour comprendre le déclin et reconstituer les populations.
4. Nous en savons beaucoup plus qu’avant.
Pour la première fois, les migrateurs au long cours sont présentés en tant que groupe. Ces oiseaux migrent principalement vers les régions tropicales, et leur nombre a diminué de 29 % depuis 1970. La perte d’habitat les menace à tous les stades de leur cycle annuel et leurs longs voyages les exposent à d’autres risques. La coopération internationale est essentielle à leur conservation.
Les oiseaux de l’Arctique forment eux aussi un nouveau groupe. Nous manquons de données sur bon nombre d’espèces, de sorte que connaissons mal leur situation. Il est difficile d’assurer leur surveillance en raison de leur éloignement. Les données dont nous disposons portent à croire que les populations de ce groupe ont chuté de 28 % depuis 1970. Des recherches plus poussées s’imposent.
5. Lorsque nous agissons, nous pouvons avoir un impact positif.
Trois groupes d’oiseaux ont connu des hausses de population depuis 1970: les espèces de sauvagine (46 %), les oiseaux de proie (35 %) et les oiseaux des milieux humides (21 %). Les effectifs de ces groupes avaient tous décliné au milieu des années 1900, de sorte que ces rebonds représentent leur rétablissement. Ils nous montrent ce qu’il est possible de faire lorsque nous cernons un problème et que nous agissons. Depuis l’interdiction du DDT pour sauver le Faucon pèlerin jusqu’à la conservation des zones humides pour des oiseaux comme le Petit Blongios, nous pouvons avoir un impact positif sur les populations d’oiseaux.

Les populations de Faucons pèlerins ont augmenté de 374 % depuis 1970. Photo: Dan Gornall
Vous pouvez agir pour aider les oiseaux au Canada.
Ces constatations sont importantes, mais il faut tout de même noter que près de 40% des populations d’oiseaux ont décliné depuis 1970 au Canada. Les causes des déclins sont diverses, mais les menaces telles que la perte d’habitat, les changements climatiques, les chats à l’extérieur, les collisions et la pollution affectent presque tous les oiseaux qui vivent chez nous.
Les oiseaux du Canada ont besoin de notre aide. Pour les préserver, il faudra que les gouvernements, l’industrie, les groupes de protection de la nature et les particuliers travaillent ensemble. La tâche est colossale, mais certains efforts sont déjà en cours et il y a de l’espoir, même pour les espèces les plus menacées.
Voici sept façons dont vous pouvez agir pour préserver les oiseaux aujourd’hui:
- Créez et protégez des habitats. Plantez des végétaux indigènes, réduisez l’utilisation de pesticides, rendez les fenêtres moins dangereuses pour les oiseaux.
- Gardez les chats à l’intérieur ou dehors en laisse ou dans un «catio» (patio pour chat). Gardez les chiens en laisse dans les zones naturelles sensibles où des oiseaux peuvent se reposer ou nicher.
- Aidez à combattre les effets des changements climatiques. Utilisez moins de combustibles et carburants fossiles, gaspillez moins de nourriture, économisez l’énergie à la maison, mangez moins de viande.
- Devenez bénévole pour la conservation. Contribuez à la science citoyenne. Participez à la plantation d’arbres, au contrôle d’espèces envahissantes, à la création d’habitats et à des programmes de restauration et de rétablissement.
- Choisissez des produits respectueux des oiseaux. Si possible, choisissez des produits biologiques, du café cultivé dans le respect des oiseaux, des produits de papier certifiés FSC, des fruits de mer recommandés par le programme Ocean Wise et du boeuf canadien nourri à l’herbe.
- Achetez moins, produisez moins de déchets. Utilisez moins de plastiques à usage unique, éliminez les déchets et recyclez, participez à des corvées de nettoyage.
- Apprenez-en plus sur les oiseaux et faites la promotion d’initiatives, de politiques et de mesures de conservation favorables aux oiseaux.
Vous trouverez plus d’information sur ces actions et d’autres mesures en faveur des oiseaux dans le rapport sommaire sur l’état des populations d’oiseaux du Canada. Vous pouvez également vous renseigner sur certaines initiatives passionnantes qui sont déjà mises en oeuvre pour aider les oiseaux à plus grande échelle. Ensemble, nous pouvons assurer un avenir prometteur à tous les oiseaux qui vivent au Canada.
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