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Par Kate Dalgleish, directrice – Dons annuels
Pour Sarah et Dan, venir en aide aux oiseaux va au-delà de leur don mensuel à Oiseaux Canada, c’est quelque chose qu’ils cultivent quotidiennement dans leur propre cour arrière. Au début de l’été, j’ai eu la chance de visiter leur propriété, nichée dans le nord de l’Ontario, où leurs jardins commençaient tout juste à s’animer grâce à l’activité des pollinisateurs et des oiseaux, offrant une lueur d’espoir et un habitat dans un monde où ces animaux sont de plus en plus menacés.
À l’approche de l’automne, c’est le moment idéal pour réfléchir à la manière dont votre espace extérieur peut accueillir les oiseaux, que vous prépariez des platebandes pour les plantations d’automne, que vous planifiiez un jardin naturel pour le printemps ou que vous observiez simplement ce qui pousse déjà.
Comme Sarah l’affirme, «Vous n’aimez pas véritablement les oiseaux si vous ne jardinez pas pour eux.» Avec Dan, elle donne six conseils pratiques pour inspirer les gens à créer des espaces, même petits, accueillants pour les oiseaux et les insectes.

1. Avant tout, faire ses recherches
Pour aménager tout jardin digne de ce nom, il faut d’abord se documenter. «Tout dépend d’abord de l’espace dont vous disposez», précise Sarah, qui recommande de consulter le site web jardinsdoiseaux.ca d’Oiseaux Canada. Il existe aussi plusieurs publications sur le sujet, dont celle-ci, accessible en ligne gratuitement en format PDF: Faites la cour aux oiseaux.
Ces ressources vous aident à choisir des plantes indigènes et compagnes, à comprendre les besoins de la faune locale et à concevoir un espace qui convient à la fois aux humains et à la nature.
2. Travailler avec la nature, et non contre
Au lieu de remodeler la nature, Sarah et Dan l’écoutent. Leur propriété comprend à la fois une zone boisée ombragée et un versant ensoleillé et abrité, chacun offrant des propriétés particulières.
Pour le bois, ils recommandent de planter des végétaux qui tolèrent l’ombre, tels que le sceau-de-Salomon à deux fleurs et l’aster à grandes feuilles. Dans leur zone pentue, ils aménagent graduellement un pré naturel en y plantant la verge d’or et la rudbeckia pour attirer les Chardonnerets jaunes, ainsi que des arbustes fruitiers comme le sureau et le pimbina, que les jaseurs et les grives affectionnent.
«Évitez de contraindre la nature, préviennent-ils, elle aime ce qui lui convient naturellement.» Cela veut dire accueillir les plantes qui poussent sans effort et éliminer avec soin les espèces envahissantes, comme la tanaisie et l’oseille sauvage (patience); à la place de celles-ci, la vergerette annuelle et le fraisier des bois s’épanouiront.
J’essayais de faire pousser des fraises sur une pente envahie par la tanaisie, mais celles-ci avaient du mal à s’implanter. L’année suivante, j’ai remarqué la présence de quelques vergerettes et primevères spontanées, alors j’en ai ramassé quelques autres dans la cour et les ai ajoutées à la pente pour renforcer ce qui était déjà présent. Comme prévu, un an plus tard, la pente était couverte de vergerettes et de primevères, qui avaient déjà presque complètement éliminé la tanaisie. Si j’avais insisté pour y planter des fraises, je pense que je serais encore en train de lutter seule contre les plantes envahissantes.
Cette zone est maintenant fréquentée par des moucherolles (qui ne se seraient jamais montrés auparavant), et un couple y a même élevé des petits l’an dernier!

Aster à grandes feuilles. Photo : Natasha Barlow

Pimbina
Photo : Sean Blaney

Fraisier des bois. Photo: Kevin Kavanagh
3. Délimiter les platebandes (avec du carton!)
Avant de bêcher, Sarah et Dan délimitent leurs futures platebandes en recourant à la méthode simple appelée solarisation. Ils posent du carton ordinaire (avec un minimum d’encre ou de colle et sans revêtement) sur les parties qu’ils souhaitent développer et ils délimitent également les platebandes avec des rondins ou des pierres.
«Cela permet de délimiter clairement les zones, explique Dan, et nous savons ainsi quelles parties éviter de perturber au printemps.» Après avoir recouvert l’espace pendant au moins un an, ils le couvrent ensuite de terre et de paillis. Le résultat? Moins de mauvaises herbes, une meilleure rétention d’eau et un chemin de jardin bien dégagé.
S’ils utilisent du plastique transparent pour la solarisation, celui-ci reste en place de deux mois et plus d’un an. Mais avec le carton, ils le recouvrent de terre (et y plantent des végétaux) dès le premier jour. Pour les platebandes qu’ils prévoient d’utiliser l’année suivante, ils ajoutent de la terre, puis paillent abondamment afin que les mauvaises herbes qui germent entre-temps soient faciles à arracher. Ils remarquent que laisser le carton nu exposé trop longtemps ne fait qu’inviter les mauvaises herbes ou l’herbe à pousser là où le carton s’est décomposé.
4. Se fier aux insectes
Si les insectes aiment votre jardin, les oiseaux l’aimeront aussi. Sarah surveille de près les plantes qui sont grignotées: «Le fait que les insectes mangent toutes les plantes d’un type particulier n’est pas le signe qu’il y a trop d’insectes. C’est le signe qu’il n’y a pas assez de nourriture de ce type. La violette du Canada est en train d’être décimée. C’est le signe que je dois en planter davantage. Le gingembre sauvage, par contre, n’a été que légèrement grignoté, ce qui nous indique qu’il y en a assez actuellement.» Cette approche leur permet de s’assurer que leur jardin soutient la chaîne alimentaire depuis le sol en montant.
Et cela porte ses fruits. À mesure que la population d’insectes s’est développée, le nombre d’oiseaux insectivores a également augmenté. Il y a deux ans encore, les moucherolles ne faisaient que passer par ici. Cette année, des couples nicheurs de Moucherolles phébis et tchébecs et de Tyrans huppés se sont installés et sont restés tout l’été. Pendant que nous parlions, un Pic chevelu nous a survolés, le bec rempli d’insectes, en route vers un nid rempli d’oisillons affamés.
Nous avons été surpris par la diversité des oiseaux et autres espèces qui sont apparus, pour la plupart de façon permanente, en si peu de temps. Il y a cinq ans, nous avons été étonnés de voir à quelle vitesse notre petit coin de monardes et de rudbeckies hérissées a attiré des Colibris à gorge rubis et des Chardonnerets jaunes. Le nombre d’espèces d’oiseaux que nous observons a facilement triplé au cours des trois dernières années, alors que nous continuons à diversifier les menus pour les oiseaux et les insectes.

La monarde est irrésistible pour les Colibris à gorge rubis et les bourdons, qui se partagent une fleur sur la droite dans cette photo prise à la hâte. Le grillage derrière protège un parterre d’anémones du Canada nouvellement planté qui constituera une source de nourriture indispensable au début du printemps.
5. Laisser les feuilles tranquilles
L’une des choses les plus simples et les plus efficaces que vous puissiez faire pour les oiseaux et les insectes est tout simplement de laisser votre râteau se reposer. Les feuilles mortes ne sont pas des déchets de jardin, elles constituent un habitat. En se décomposant, elles nourrissent le sol, favorisent la vie des insectes et offrent un garde-manger essentiel aux oiseaux.
«Le simple fait de ratisser les feuilles sur le côté du jardin au lieu de les jeter aide déjà, explique Sarah. Vous pouvez conserver une partie de votre pelouse si vous le souhaitez, mais n’oubliez pas de laisser certaines feuilles en place.»
Les feuilles mortes constituent un mini-écosystème. Sous celle-ci, vous trouverez des insectes hibernants, des papillons en phase de nymphose et les éléments constitutifs de la chaîne alimentaire, qui contribuent tous à nourrir les oiseaux au printemps. Que vous choisissiez de broyer les feuilles sur votre pelouse, de les ratisser dans vos platebandes ou simplement de les laisser telles quelles, les oiseaux de votre région vous en seront reconnaissants.
De même, laisser les tiges mortes sur pied, dont les tiges creuses de plantes telles que l’asclépiade, pendant l’hiver est essentiel pour les insectes qui nichent dans des cavités.
Cela nous rappelle que le jardinage ne s’arrête pas lorsque la neige tombe. Ce que nous laissons dans nos jardins en hiver a un effet d’entraînement. En laissant les feuilles et les tiges en place, nous donnons aux oiseaux et aux pollinisateurs une longueur d’avance pour le printemps. En les enlevant, nous supprimons les insectes dont dépendent tant d’oiseaux. Et comme si cela ne suffisait pas, laisser l’habitat hivernal en place permet également de réduire la liste des tâches à accomplir à l’automne!
Et comme l’affirment les auteures du livre de chevet de Sarah, A Garden for the Rusty-Patched Bumblebee, lorsque nous ramassons les feuilles et les tiges à l’automne ou que nous les retirons au printemps, nous éliminons en fait tous les pollinisateurs qui les utilisent comme habitat. Qui veut jeter des papillons?
6. Retenir que le mieux est l’ennemi du bien
Jardiner pour les oiseaux et la biodiversité peut sembler intimidant, mais ce n’est pas forcément le cas. «Cela peut être aussi simple que de choisir une plante et de la mettre dans un pot ou en pleine terre, puis de recommencer la semaine suivante, le mois suivant, l’année suivante… quand cela vous convient. Ne laissez pas le mieux être l’ennemi du bien, explique Sarah. Les oiseaux se moquent que les plantes soient placées à l’endroit idéal dans des conditions parfaites, mais ils apprécient certainement d’avoir accès à une source de nourriture fiable là où il n’y en avait pas auparavant.»
Sarah et Dan sont convaincus que les petits gestes, accomplis avec constance et avec soin, ont un impact significatif, non seulement sur leur cour arrière, mais aussi pour les oiseaux de tout le pays. Les insectes ayant généralement un rayon d’action très limité, il leur est impossible de prospérer lorsque leur habitat est transformé en immenses pelouses, si répandues aujourd’hui. C’est pourquoi même les petites plantations ont un effet important. Si chaque jardin comptait ne serait-ce qu’une ou deux plantes indigènes, tous ces petits habitats constitueraient un énorme avantage pour les populations d’insectes et d’oiseaux en difficulté.
De l’espoir pour les oiseaux
Pour Sarah et Dan, le jardin n’est qu’une partie d’un projet plus vaste. Leur espoir est que la conservation aviaire devienne non seulement une passion, mais aussi une politique.
Ils imaginent un avenir où:
- Les jardineries cesseront de vendre des plantes envahissantes.
- Les promoteurs immobiliers devront planter des végétaux indigènes lorsqu’ils aménageront les terrains bâtis.
- Nos élus plaideront pour une protection forte et durable de l’environnement.
Le don mensuel de Sarah et Dan à Oiseaux Canada est un vote pour cet avenir. Et leur arrière-cour présente un aperçu de ce qui est possible.
Fournir de la nourriture et un habitat pour les créatures qui considèrent également cet espace comme leur domicile nous a donné un profond sentiment d’utilité. Le jardin est devenu un refuge qui regorge de plaisirs, non seulement pour nous, mais aussi pour les oiseaux.
