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Par Larissa Similuk, technicienne – Programme des oiseaux forestiers en péril, Oiseaux Canada

 

 

La migration du printemps bat son plein, et bon nombre d’entre nous ont hâte d’entendre l’appel envoûtant des Plongeons huards sur les lacs du Canada. Vous vous demandez peut-être où ces oiseaux passent leur temps en dehors de la saison de nidification et si des plongeons nicheront sur un lac près de chez vous cet été.

Les Plongeons huards passent la période de novembre à mars en eau salée près des côtes est et ouest de l’Amérique du Nord, habituellement dans des baies et des anses. Leur aire d’hivernage s’étend de Terre-Neuve et des Aléoutiennes vers le sud jusqu’au golfe du Mexique et la Basse-Californie. Au printemps, la période de migration vers le nord va de mars à juin, les principaux déplacements ayant lieu en avril. Dans la région des Grands Lacs, le pic de la migration et des rassemblements se produit au début de mai. Pendant la migration, on peut voir des plongeons sur des cours d’eau et des lacs, parfois en groupes imposants. Souvent, on dirait qu’ils sont le plus photogéniques lorsqu’on a oublié son appareil photo!

 

Plongeons huards Photo : Sandra & Frank Horvath

Habituellement, les Plongeons huards retournent à leurs lacs de nidification lorsque ceux-ci deviennent libres de glace. Même si le printemps est tardif, le moment de leur arrivée est si précis que c’en est étrange. Souvent, leur migration se fait par étapes; ils font halte sur des lacs plus grands, comme les Grands Lacs, puis font des vols de reconnaissance pour voir si leur lac est dégelé. En général, les plongeons arrivent entre avril et mai, tandis que ceux qui vivent dans les territoires du nord reviennent en juin. L’aire de reproduction de l’espèce couvre tout le Canada sauf l’extrême Nord et les parties les plus méridionales des Prairies et de l’Ontario.

Pendant la saison de reproduction (d’avril à octobre), les Plongeons huards fréquentent différentes zones d’eau douce allant des lacs de la région boréale aux milieux humides ouverts. Pour nicher, ils recherchent les lacs de grande étendue aux eaux claires où l’on trouve beaucoup de baies, de pointes et d’îles.

Au Canada, les plongeons préfèrent les lacs d’une superficie d’au moins 24 hectares, mais ils peuvent s’établir sur des lacs plus petits, en particulier dans les provinces des Prairies. Les milieux humides d’au moins 10 hectares peuvent aussi les attirer pour la nidification.

Il est important que l’eau soit claire, car le Plongeon huard poursuit ses proies à la vue. Il a une vision particulièrement aiguisée sous l’eau, mais si l’eau est brouillée, il sera handicapé. Il recherche sa nourriture là où la lumière atteint le fond de l’eau, normalement à une profondeur inférieure à 5 mètres et à moins de 150 mètres de la rive. Le menu du Plongeon huard est varié; il se compose de sangsues, de larves d’insectes et d’autres invertébrés ainsi que de petits poissons. Ces derniers sont essentiels aux oisillons en pleine croissance; sans eux ils ne pourraient pas atteindre le stade adulte.

Les Plongeons huards préfèrent généralement les lacs aux rives échancrées ponctués de petites îles. En mai et en juin, ils construisent leur nid sur les rives d’îles ou sur la terre ferme. Le nid, fait de végétation entassée, se trouve même parfois sur une hutte de rat musqué! Il est plutôt rudimentaire – une simple coupe peu profonde – mais il doit se trouver près de l’eau de sorte que les plongeons puissent marcher facilement au sol. Les emplacements préférés sont ceux où il est possible d’avoir une vue d’ensemble du territoire de nidification qui permet de guetter les dangers et les intrus et de s’abriter du vent et des vagues. Ces deux derniers phénomènes peuvent être fatals pour les nids : en général, une hausse de 15 centimètres du niveau de l’eau inondera le nid et/ou plongera les oeufs dans l’eau.

Même si la taille et le profil des rives du lac conviennent au plongeon, il se peut que d’autres conditions le découragent d’y nicher. Par exemple, les lacs où la navigation de plaisance est intense sont souvent impopulaires. Et souvent, les rives où il y a une forte présence humaine ne comptent pas de lieux de nidification appropriés et présentent un risque de dérangement plus élevé. La circulation des bateaux produit des vagues qui peuvent engloutir les nids ou séparer les parents de leurs petits, qui sont alors des proies faciles pour des prédateurs opportunistes comme les goélands ou les corbeaux.

La majeure partie de nos connaissances sur cette fantastique espèce nous vient des données récoltées par les citoyens scientifiques qui participent à l’Inventaire canadien des Plongeons huards, qui est coordonné par Oiseaux Canada. Depuis 1981 en Ontario et le début des années 1990 ailleurs au pays, ce programme populaire assure le suivi de la productivité des couples chaque année. Grâce à cet ensemble de données unique, nos scientifiques déterminent l’état des effectifs au Canada et les dangers qui les guettent pour faire en sorte que nous puissions continuer d’apprécier les vocalises ensorcelantes de ce magnifique oiseau.

Même si vous ne pouvez pas participer à l’Inventaire canadien des Plongeons huards, vous pouvez quand même aider l’espèce. Vous pouvez contribuer à la recherche en signalant vos observations de plongeons à eBird.ca. Vous trouverez de plus amples renseignements sur les plongeons et les façons de veiller à leur bien-être en cliquant ici.

Plongeon huard Photo : Yousif Attia

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