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par Ellen Jakubowski, spécialiste en communications, Études d’Oiseaux Canada
 


Pic à ventre roux Photo: Mike Fisher

En avril, le temps se réchauffe, les oiseaux migrateurs nous reviennent et nous recevons l’appel de la nature. Avant de nous laisser emporter par cette renaissance post-hivernale, prenons un moment pour nous rappeler d’une autre étape du printemps : la fin de la saison du Projet FeederWatch.
La saison du Projet FeederWatch qui vient de se terminer était digne de mention. En effet, elle marquait trente ans de suivi des populations d’oiseaux de mangeoires en Amérique du Nord. Le programme, auquel participent maintenant plus de 20 000 personnes, a pris naissance au Canada; son histoire remonte à l’époque de l’Ontario Bird Survey (relevé des oiseaux de mangeoire en Ontario), qui a été lancé par Erica Dunn au milieu des années 1970. L’initiative visait alors à accroître le nombre de membres de l’Observatoire d’oiseaux de Long Point. Or, après avoir réussi à mobiliser plus de 500 participants en dix ans, Mme Dunn a anticipé que le programme pourrait être étendu pour assurer le suivi des populations d’oiseaux à une beaucoup plus grande échelle. En 1986, elle a pris contact avec le Cornell Lab of Ornithology, aux États-Unis; c’est alors que le Projet FeederWatch, comme nous le connaissons aujourd’hui, a vu le jour sous la forme d’un programme qui couvre les deux pays sous les auspices d’Études d’Oiseaux Canada et de ce centre de recherche ornithologique.
Le Projet FeederWatch, qui mobilise tellement de citoyens-chercheurs en Amérique du Nord, constitue une importante source de données utiles pour l’établissement de tendances démographiques. Par exemple, il a permis de détecter la baisse de l’effectif du Gros-bec errant dans la majeure partie de son aire historique (figure 1). À tel point que cette espèce auparavant commune a été ajoutée récemment à la liste des espèces préoccupantes au Canada.


Figure 1. Pourcentage des postes d’alimentation visités par le Gros-bec errant dans le nord-ouest (courbe bleue), le nord est (courbe orange) et le centre (courbe verte) de l’Amérique du Nord depuis 1989. Source : feederwatch.org (en anglais).

En revanche, les données des participants au Projet FeederWatch ont permis d’établir des tendances à la hausse des populations de certaines espèces. Ainsi, ces dernières années, le Merle d’Amérique a été observé plus tôt au printemps et à un plus grand pourcentage de postes d’alimentation par rapport aux années 1980 et 1990 (figure 2). On a également observé une hausse des effectifs de plusieurs espèces de pics au Canada, ce qui concorde avec les tendances établies d’après les données du Relevé des oiseaux nicheurs d’Amérique du Nord (figure 3). L’information fournie par le Projet FeederWatch n’indique pas les causes des changements observés, mais elle contribue à déterminer une évolution sur une longue période qui pourra être étudiée plus en profondeur.


Figure 2. Source : Winter Bird Highlights, vol. 12 (2015/16 season) (en anglais).

Figure 3. Source : Winter Bird Highlights, vol. 6 (2009/10 season) (en anglais).

Les données de dénombrement recueillies par les participants au Projet FeederWatch constituent une précieuse ressource pour les scientifiques qui étudient les populations d’oiseaux. Elles ont orienté de nombreuses études et été la source de beaucoup d’articles scientifiques (en anglais).
Pourquoi le Projet FeederWatch remporte-t-il autant de succès? Parce qu’il offre une activité agréable et conviviale aux observateurs d’oiseaux de tous les niveaux. De plus, on peut y participer tout au long de l’hiver, quelles que soient les conditions météorologiques. Un article paru récemment (en anglais) montre comment les progrès technologiques ont rendu le traitement des données plus efficace, fournissant aux participants des comptes rendus détaillés plus rapidement ainsi que des moyens fascinants d’explorer les données. La technologie a également étendu la gamme des renseignements qu’on peut tirer des ensembles de données, de sorte qu’il est plus facile pour les scientifiques d’étudier les relations entre les populations d’oiseaux et d’autres facteurs, comme le climat ou la couverture terrestre.

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