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par Steven Price

4 mai 2016 – Le Panama est un carrefour marin incomparable. Son extraordinaire canal permet à des navires de toutes tailles de passer rapidement entre les océans Atlantique et Pacifique.
Le Panama est également un incroyable carrefour pour les oiseaux. Chaque printemps et chaque automne, des dizaines de millions d’oiseaux en migration passent au‑dessus et le long de cet étroit pont terrestre entre les deux Amériques. Au plus fort de la migration d’automne, on peut voir plus de deux millions d’oiseaux de rivage dans la baie de Panama. De même, quelque deux millions d’oiseaux de proie (buses, éperviers et aigles par exemple) planent vers le sud au‑dessus de la péninsule en une seule journée.

Panama Welcomes the Motus Wildlife Tracking System

Photo: Karl Kaufmann

La semaine dernière, des représentants des organismes partenaires de BirdLife Americas ont participé à Panama à des réunions bisannuelles, lesquelles portaient sur la conservation des oiseaux dans l’hémisphère ouest. Études d’Oiseaux Canada et la société Audubon du Panama avaient une nouvelle inhabituelle à annoncer : pour la toute première fois, quatre grives portant des émetteurs radio ont été détectées par des stations réceptrices qui venaient d’entrer en fonction au Panama.
On a posé des émetteurs sur ces Grives à dos olive en Colombie l’hiver dernier dans le cadre des activités du Système de surveillance faunique Motus d’Études d’Oiseaux Canada. C’est Ana Gonzalez, doctorante, qui s’en est chargée à l’occasion de travaux de recherche menés en collaboration par l’Université de la Sasksatchewan, Environnement et Changement climatique Canada, SELVA et Études d’Oiseaux Canada. Les grives ont amorcé leur migration vers le nord en direction du Panama à la mi‑mars. Au début d’avril, Études d’Oiseaux Canada, SELVA et la société Audubon du Panama ont installé quatre stations réceptrices Motus le long de la zone du canal. L’étroitesse de l’isthme du Panama, qui a moins de 80 km de largeur, limite grandement le nombre de stations qu’on peut y implanter!
Motus, nom latin qui signifie « mouvement », est un ingénieux réseau de pistage d’oiseaux et d’autres animaux migrateurs. De minuscules émetteurs radio mis au point par l’entreprise canadienne Lotek Wireless Inc., peuvent être fixés avec une mini‑pile sur de petits oiseaux, comme des parulines de moyenne taille. Et des stations réceptrices équipées d’antennes peu coûteuses sont placées à divers endroits au sol. Actuellement, les stations sont concentrées dans l’est de l’Amérique du Nord, mais nous projetons d’en déployer dans tout l’hémisphère ouest, ce qui permettra de faire le suivi des espèces cibles sur l’ensemble de leur cycle biologique annuel. À ce jour, plus de 50 espèces d’oiseaux ont fait l’objet d’un suivi.

Swainson's Thrush

Swainson’s Thrush by Nick Saunders

Le 14 avril, un mois après avoir quitté la Colombie, la première grive a été repérée au Panama. On peut voir les déplacements des grives entre les deux pays sur notre carte animée. « Nous étions enchantés de déployer les stations réceptrices Motus dans la zone du canal avec nos partenaires, mais nous l’étions encore plus quand les oiseaux ont été détectés! », nous a confié Rosabel Miró, directrice générale de la société Audubon du Panama.
Le 28 avril, lors des réunions bisannuelles, nous avons eu le plaisir de signer le protocole d’entente confirmant un partenariat unique entre la société Audubon du Panama et Études d’Oiseaux Canada. Était présent Raúl Arias De Para, propriétaire de l’auberge écotouristique Canopy Tower, où se trouve une des stations réceptrices. « Il y a une quinzaine d’années, j’étais peu intéressé par les oiseaux, nous a‑t‑il confié. Un jour, j’ai vu une annonce au sujet d’un cours d’observation d’oiseaux de la société Audubon du Panama, et je me suis inscrit. Aujourd’hui, je possède une chaîne d’auberges écotouristiques dans le pays et je suis fier d’héberger une station de pistage Motus. »
De l’avis de Patricia Zurita, première dirigeante de BirdLife International, qui considère Motus comme un programme unique, c’est un excellent exemple du genre de collaboration que BirdLife devrait chercher à étendre pour favoriser la conservation de l’avifaune à l’échelle internationale. Avant même la fin de l’annonce, Mme Zurita avait déjà envoyé des courriels à d’autres partenaires de BirdLife en leur mentionnant qu’ils pourraient faire appel à Motus pour élucider certains mystères des migrations dans leur région respective.

Motus Panama Canopy Tower

Photo: David Bell

Des récepteurs ont été installés non seulement au site de l’auberge Canopy Tower, mais aussi au Smithsonian Tropical Research Institute, dans l’île Barro Colorado, ainsi qu’à la station d’épuration des eaux usées de la ville de Panama et au laboratoire marin de Galeta Point. Merci à toutes les personnes qui ont participé aux travaux d’installation des récepteurs, en particulier à Karl Kaufmann, qui a fourni son temps bénévolement pour aider à l’organisation et à l’exécution du travail.
Bientôt, les grives détectées au Panama pourraient être repérées par des récepteurs le long de la côte du golfe du Mexique, aux États‑Unis, et plus tard dans le centre et l’est de l’Amérique du Nord. Vous pouvez voir ici une animation des déplacements des grives auxquelles on a fixé un émetteur l’an dernier.
Les récepteurs Motus déployés dans la zone du canal de Panama sont positionnés à des endroits stratégiques pour capter des données essentielles qui permettront d’orienter les mesures de conservation. L’intérêt croissant que suscite Motus parmi les partenaires de BirdLife, les organismes gouvernementaux et les scientifiques nous aidera à combler les trous dans la couverture du réseau sur les deux sous‑continents.
La seule façon de préserver l’avifaune consiste à protéger les habitats des différentes espèces. Souvent, nous savons peu de choses sur le moment auquel les oiseaux nous arrivent, la durée de leurs haltes et les lieux où ils se nourrissent et se reposent. Motus nous offre une technologie simple et peu coûteuse qui nous aide à répondre à ces questions, et à d’autres encore. Cette fascinante technologie nous aide à faire tout ce que nous pouvons pour les oiseaux des Amériques.

Ce projet a été réalisé avec l’appui financier du Gouvernement du Canada.
Pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec Stu Mackenzie, gestionnaire du programme Motus à Études d’Oiseaux Canada : smackenzie@oiseauxcanada.org.

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