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Par David Bradley, Ph. D. (gestionnaire des programmes – Colombie-Britannique) et Laura Tranquilla, Ph. D. (gestionnaire des programmes – Canada atlantique), Études d’Oiseaux Canada


Guillemot à cou blanc Photo : Dan Sherville
Comme leur nom l’indique, les espèces envahissantes envahissent un milieu qui leur était étranger à l’origine et y produisent une cascade de changements écologiques, habituellement néfastes, qui affectent les espèces résidentes. La réussite de ces envahisseurs tient à leur capacité de se propager rapidement et de concurrencer efficacement les espèces des milieux qu’ils prennent d’assaut, soit directement par la prédation, soit indirectement par la compétition pour l’exploitation des ressources.
Depuis le 17e siècle, les espèces envahissantes ont causé 40% de tous les cas de disparition d’espèces animales dont on connaît la cause. Manifestement, les oiseaux marins comptent parmi les animaux les plus touchés par ces envahisseurs, qui sont la plus importante cause de la disparition d’espèces d’oiseaux dans le monde. En effet, depuis environ 1500, les espèces envahissantes sont à l’origine de plus de la moitié des extinctions d’oiseaux, et elles continuent d’affliger au moins le tiers des 1300 espèces d’oiseaux qui sont en péril à l’échelle du globe aujourd’hui.
Cette triste situation est particulièrement critique dans les îles, où les oiseaux endémiques qui ont évolué dans des milieux exempts d’autres espèces nuisibles sont tout simplement sans défense face aux prédateurs. Un bon exemple de cela est la situation dans l’océan Pacifique, où l’on dénombre actuellement plus d’espèces d’oiseaux menacées par unité de surface terrestre, ou par personne, que dans toute autre région du monde, à savoir 42 espèces en voie de disparition.
Telle est la situation à l’échelle mondiale. Quelle est celle des oiseaux qui nichent sur des îles au Canada? Prenons le Guillemot à cou blanc comme exemple. L’aire de répartition de ce superbe oiseau au plumage noir, blanc et gris forme un arc sur le pourtour de l’océan Pacifique entre la Chine et l’État de Basse-Californie, au Mexique. Les Guillemots à cou blanc passent la majorité de leur vie en mer; ils ne viennent à terre que pour se reproduire en colonies dans des îles éloignées des côtes. Environ la moitié de la population nicheuse du monde, qui s’élève à quelque 256 000 couples, se reproduit dans l’archipel Haida Gwaii, en Colombie-Britannique; 44 % de cette portion nichent dans 17 colonies au large de la côte est de l’île Moresby et 50 % dans de vastes colonies sur les îles Hippa, Frederick et Langara.
Dans les années 1950, l’île Langara accueillait une population nicheuse d’environ 200 000 couples. Mais c’était avant l’invasion des rats. Introduits par l’être humain, ces rongeurs se sont multipliés et répandus sur cette île de 3000 hectares et ont dévoré des adultes, des oisillons et des œufs de nombreuses espèces d’oiseaux de mer, dont le Guillemot à cou blanc. En 1988, la colonie des membres de cette espèce ne comptait plus qu’environ 24 000 couples seulement. Et, dès 1970, les Guillemots à cou blanc étaient disparus des îles Cox et Lucy, non loin de là.
En 1995, le Service canadien de la faune a établi un plan d’éradication des rats de l’île Langara au moyen d’appâts empoisonnés. Ce programme intensif a fini par porter fruit après plusieurs années et des centaines d’heures de travail. Des relevés de suivi ont confirmé la disparition totale des rats. Les Guillemots à cou blanc ont repris le dessus, si bien qu’en 2004, l’effectif de la colonie de l’île Langara a remonté à plus de 24 000 couples, soit le nombre enregistré avant l’éradication des rats. L’impact des rats sur les Guillemots à cou blanc et leur élimination dans cette île ne sont qu’une des nombreuses histoires de réussite de la lutte contre les espèces de mammifères envahissantes dans le monde. L’avenir nous dira si la colonie de l’île Langara reviendra à son niveau d’autrefois; quoi qu’il en soit, cela présage bien.
L’équipe d’Études d’Oiseaux Canada est engagée dans la lutte contre les espèces envahissantes en Colombie-Britannique, entre autres dans l’île Langara. Nous déployons des caméras télécommandées pour détecter la présence de mammifères dans des îles éloignées du large et nous y détachons des équipes de contrôle des animaux s’il y a lieu. Nous participons également à la sensibilisation de collectivités au problème des espèces envahissantes, à des campagnes de prévention et au soutien de mesures de lutte contre les animaux envahissants là où c’est nécessaire et au moment approprié.
Surveillez la parution des actualités d’Études d’Oiseaux Canada pour en savoir plus sur ce programme et d’autres mesures prises pour la conservation des oiseaux marins.

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