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Par Pete Davidson, vice-président par intérim – Science et Surveillance, Oiseaux Canada, et membre du Sous-comité de spécialistes des oiseaux du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), et Louise Blight, Ph. D., professeure agrégée adjointe, School of Environmental Studies, Université de Victoria, et co-présidente, Sous-comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC

L’évaluation du risque d’extinction des espèces est une façon de mesurer l’état de la biodiversité. Les bénévoles qui recueillent les données utilisées dans les évaluations aux fins de conservation, y compris ceux d’entre vous qui participent aux programmes d’Oiseaux Canada, jouent un rôle important. Merci à toutes les personnes qui y contribuent! Au Canada, la Loi sur les espèces en péril (LEP) dresse la liste des espèces et prévoit leur rétablissement sur la base d’évaluations réalisées par un organisme scientifique indépendant, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Le COSEPAC utilise trois catégories de risque: espèce préoccupante, espèce menacée et espèce en voie de disparition. À l’échelle mondiale, le risque d’extinction de toutes les espèces d’oiseaux est évalué par BirdLife International, l’autorité officielle chargée de la Liste rouge des oiseaux pour la Liste rouge des espèces menacées™ de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

L'actualité du COSEPAC

En 2024, le COSEPAC s’est penché sur la situation de six espèces d’oiseaux, dont deux pour la première fois. En vertu de la LEP, la situation des espèces inscrites à son annexe doit être réévaluée tous les dix ans. Parmi les espèces dont la situation a été réévaluée, seulement une a connu une amélioration, les autres affichant le statu quo ou une détérioration de leur situation. À l’heure actuelle, 94 espèces d’oiseaux sont considérées en péril au Canada, et le nombre ne cesse d’augmenter.

Petit Blongios

Les nouvelles sont bonnes pour ce petit héron discret qui se reproduit dans les zones humides d’eau douce depuis le Manitoba jusqu’à l’Atlantique. L’amélioration de la couverture assurée par les participants bénévoles au Programme de surveillance des marais et à l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario permet d’affirmer que l’espèce est un peu plus répandue qu’elle l’était au moment de la dernière évaluation (elle était alors désignée menacée), ses effectifs au pays étant désormais probablement stables. 

Petit Blongios
Petit Blongios. Photo : Jax Nasimok

Cette stabilité est probablement due à des investissements très importants dans la restauration de zones humides et à des niveaux d’eau optimaux pour un habitat convenable dans la région des Grands Lacs au cours de la dernière décennie. Néanmoins, le Petit Blongios reste vulnérable aux changements de niveaux d’eau, à la perte d’habitat et à l’altération de l’habitat par des plantes envahissantes. Il est maintenant classé espèce préoccupante, un niveau moins critique.

Pic de Lewis

Pic de Lewis. Photo : Ian Routley

Cet oiseau extraordinaire, presque semblable à une corneille, un habitant de la région du Grand Bassin dans l’ouest du pays, reste menacé pour la troisième décennie. Le déclin continu des effectifs dans certaines régions (combiné aux pertes constantes de peuplements de peupliers deltoïdes au fond des vallées en raison du développement, de l’augmentation des inondations et d’autres causes), la concurrence pour les sites de nidification avec les Étourneaux sansonnets et l’augmentation des phénomènes météorologiques 

extrêmes pendant la saison de reproduction sont tous des sujets de préoccupation majeurs. Il est à noter que ce pic attrape en vol, à la façon d’un acrobate, une grande partie de ses proies, des insectes, et que, jusqu’aux années 1960, il se reproduisait également dans les prairies ouvertes de l’est de l’île de Vancouver et de la vallée du fleuve Fraser, de Comox à Chilliwack.

Courlis à long bec

La population de ce limicole des prairies, de grande longévité, qui se reproduit dans les Prairies et dans certaines parties de la Colombie-Britannique a diminué d’environ 50% au cours des 20 dernières années. En conséquence, l’espèce est classée menacée pour la première fois, alors qu’elle était précédemment dans la catégorie des espèces préoccupantes. Parmi les causes du déclin, on compte la perte et la fragmentation des prairies et des habitats agricoles appropriés au profit de diverses formes de développement, tant dans son aire de nidification

Courlis à long bec. Photo : Alyssa Hollyoake

que dans son aire d’hivernage (le sud-ouest des États-Unis et le Mexique), l’impact des pesticides sur les insectes dont cet oiseau se nourrit, l’augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes, y compris la sécheresse, et les changements liés aux pratiques de gestion de l’eau dans les quartiers d’hiver. Le Courlis à long bec appartient aux deux groupes d’oiseaux les plus préoccupants selon le récent rapport sur l’état des populations d’oiseaux du Canada, à savoir les limicoles (oiseaux de rivage) et les oiseaux des prairies.

Bécassin roux

Bécassin roux. Photo : Mike Poole

Le COSEPAC évalue la situation des populations d’une même espèce qui sont distinctes sur les plans écologique et évolutif comme des entités séparées. Les effectifs de cet oiseau de rivage qui se reproduit principalement dans les tourbières de la zone boréale ont été évalués sur la base de deux populations distinctes et non mélangées: la population de l’Est (voies de migration de l’Atlantique et du centre) (sous-espèces hendersoni et griseus combinées) 

et la population de la voie migratoire du Pacifique (sous-espèce caurinus). Ces deux populations sont en fort déclin, et celle de la sous-espèce caurinus est particulièrement faible au Canada. Cette dernière est classée en voie de disparition et la population de l’Est, menacée. Les principales menaces sont les perturbations, la perte d’habitat dans les zones humides et la dégradation de l’habitat le long des voies migratoires et dans les aires de non-reproduction, ainsi que, le long de la voie de migration de l’Atlantique, la chasse dans les Caraïbes et en Amérique du Sud.

Paruline de Kirtland

Cet oiseau au plumage coloré de la famille des Parulidés a toujours été rare; on estime qu’il n’y a que 40 à 50 individus au Canada. Le cœur de son aire de répartition au pays se situe dans les comtés de Simcoe et de Renfrew, en Ontario, et des observations occasionnelles ont été faites dans d’autres parties du sud-ouest de l’Ontario et dans la région du Pontiac, au Québec. Cette minuscule population est classée parmi les espèces en voie de disparition, statut qu’elle a conservé depuis sa première évaluation en 1979. Sans gestion active, la succession naturelle des forêts pourrait conduire à la perte d’un habitat convenable (peuplements de pins) au Canada (les feux créent un habitat convenable, mais ils sont supprimés avant de produire leur effet bénéfique). Toutefois, des initiatives visant à créer un nouvel habitat dans le comté de Simcoe sont encourageantes et pourraient compenser les pertes.

Mésange lapone

Cette mésange endurcie est présente dans tout l’Arctique européen et russe, jusqu’en Alaska et dans l’extrême nord-ouest du Canada. Elle a longtemps été considérée comme peu commune au Canada, mais elle est devenue de plus en plus difficile à trouver ces dernières années. Seulement deux mentions ont été enregistrées depuis 2000 bien qu’il s’agisse d’une espèce convoitée par les ornithologues amateurs et qu’elle ait fait l’objet d’un effort de relevé important en 2019. La Mésange lapone est évaluée comme étant en voie de disparition en raison de sa très petite population et d’un déclin présumé et prévu des effectifs, tendance qui se manifeste également en Alaska. Les principales menaces sont probablement les changements climatiques et des événements météorologiques de plus en plus violents, ainsi que les changements connexes dans les processus naturels tels que les cycles de gel-dégel et les incendies de forêt, qui affectent la qualité des habitats pour la nidification, le repos, l’alimentation et le stockage de la nourriture pour l’hiver.

Liste rouge de l’UICN: 14 espèces de limicoles du Canada maintenant dans une catégorie de risque plus élevé

Non moins de 14 espèces de limicoles qui nichent au Canada sont passées dans une catégorie de risque plus élevé qu’auparavant (voyez la plus récente version de la Liste rouge de l’UICN, publiée en octobre 2024 (en anglais). La plupart des changements sont liés à l’accélération des déclins des populations de limicoles d’Amérique du Nord, annoncée récemment (en anglais). Le COSEPAC a déjà classé les espèces suivantes menacées ou en voie de disparition, par exemple les suivantes: Barge hudsonienne, Petit Chevalier et Bécassin roux. Et il est probable que la situation de la plupart des autres espèces de ce groupe sera réévaluée dans un proche avenir, dont bon nombre qui se reproduisent dans l’Arctique, telles que les Bécasseaux roussâtre, à croupion blanc, à échasses et variable, le Pluvier argenté et le
Tournepierre à collier, ainsi que deux espèces qui nichent dans les Prairies et plus au sud, soit le Pluvier kildir et la Barge marbrée.

Pour lire les rapports les plus récents ou en savoir plus sur les travaux du COSEPAC, rendez-vous à https://www.cosewic.ca/index.php/fr/.

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