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Par Erica Geldart et Lucas Berrigan
La Paruline à ailes dorées est un petit passereau aux couleurs vives qui effectue chaque année un voyage épique sur des milliers de kilomètres entre les jeunes habitats de savane de l’est de l’Amérique du Nord et les forêts de moyenne altitude d’Amérique centrale. Malheureusement, sa population a chuté de plus de 60% au cours des 60 dernières années, principalement à cause de la disparition de son habitat et, dans une certaine mesure, d’une extinction génétique due au croisement avec la Paruline bleue, plus dominante. Le Costa Rica joue un rôle essentiel dans sa survie: près d’une Paruline à ailes dorées sur cinq y passe l’hiver.

Une Paruline à ailes dorées baguée portant une balise Motus. Photo: Paz A. Irola
Dans le cadre d’une nouvelle étude internationale, des chercheurs de SELVA: Investigación para la Conservación en el Neotrópico, du Fish and Wildlife Service des États-Unis et d’Oiseaux Canada ont utilisé le Système de surveillance faunique Motus pour pister des Parulines à ailes dorées entre leurs quartiers d’hiver au Costa Rica et leurs lieux de reproduction en Amérique du Nord. Le rapport de l’étude, publié récemment dans Ornithological Applications, remet en question des hypothèses longtemps admises sur la migration des oiseaux, tout en soulignant l’importance de préserver les forêts humides de moyenne altitude du Costa Rica.
Pendant deux ans, l’équipe a équipé 69 Parulines à ailes dorées de minuscules balises Motus au Costa Rica, à cinq endroits représentatifs de zones présentant des quantités de pluie et des niveaux de couverture forestière différents. Ils ont découvert que les oiseaux vivant dans des habitats plus secs et moins boisés partaient plus tôt mais migraient plus lentement, tandis que ceux vivant dans des habitats plus humides et plus boisés partaient plus tard mais voyageaient plus vite, rattrapant parfois, voire dépassant, ceux qui étaient partis plus tôt.
«Ces résultats remettent en question l’idée reçue selon laquelle partir plus tôt signifie toujours arriver plus tôt, explique Nick Bayly, auteur principal de l’étude. Nous avons plutôt découvert d’autres stratégies: certains oiseaux partent plus tard, mais arrivent tout de même en même temps que ceux qui sont partis plus tôt, voire avant.»

Une Paruline à ailes dorées baguée portant une balise Motus. Photo: Sarah Kendrick
Les auteurs soutiennent que les oiseaux vivant dans des forêts plus humides peuvent bénéficier d’un habitat de meilleure qualité, avec une nourriture plus abondante et de meilleures conditions qui leur permettent de stocker davantage de réserves d’énergie, de se déplacer plus rapidement et de faire moins d’arrêts en cours de route. Il s’agit là d’un exemple clair d’«effets différés», où les conditions aux lieux d’hivernage influencent les performances plus tard dans l’année.
«Pour inverser le déclin de la population des Parulines à ailes dorées, il est essentiel de comprendre comment l’habitat d’hivernage influence les stratégies de migration, ajoute la coauteure Sarah Kendrick. La conservation doit tenir compte du cycle annuel complet, et pas seulement des lieux de reproduction.
Les chercheurs ont également pisté certaines parulines jusqu’à leurs lieux de reproduction. La plupart des individus ont emprunté une voie migratoire étroite traversant le Midwest américain. La majorité se dirigeait vers le Haut-Midwest (Minnesota, Wisconsin et péninsule supérieure du Michigan), tandis qu’une poignée d’entre eux gagnait l’Ontario et les Appalaches.
«Autrefois, pouvoir suivre un oiseau de 9 grammes au-dessus des continents était un rêve, explique Stuart Mackenzie, coauteur du rapport et directeur du Système de surveillance faunique Motus à Oiseaux Canada. Aujourd’hui, grâce à des collaborations internationales et à des progrès technologiques novateurs, nous pouvons enfin répondre à des questions essentielles pour la conservation.»

Les chercheurs ont également pisté certaines parulines jusqu’à leurs lieux de reproduction. La plupart des individus ont emprunté une voie migratoire étroite traversant le Midwest américain. La majorité se dirigeait vers le Haut-Midwest (Minnesota, Wisconsin et péninsule supérieure du Michigan), tandis qu’une poignée d’entre eux gagnait l’Ontario et les Appalaches.
Cette avancée a été rendue possible grâce à une étroite collaboration entre des scientifiques et des organisations du Costa Rica, de la Colombie, du Canada et des États-Unis. «Cela a été un véritable privilège d’accueillir l’équipe au Costa Rica, nous confie Ernesto Carman, qui a coordonné les travaux sur le terrain à plusieurs endroits, notamment dans la plantation de café ombragée de sa famille. Ce fut une expérience très enrichissante qui a montré comment la conservation passe par des partenariats.»

Une Paruline à ailes dorées baguée portant une balise Motus. Photo: Stu Mackenzie
La Paruline à ailes dorées compte parmi les passereaux dont la population diminue le plus rapidement en Amérique du Nord. En révélant l’influence des habitats hivernaux sur la migration printanière de l’espèce, cette étude propose des mesures de conservation concrètes, à savoir la protection et la restauration de forêts clés au Costa Rica, afin d’assurer leur avenir. Les résultats démontrent également que le Système de surveillance faunique Motus est un outil puissant qui contribue à transformer nos connaissances sur la migration et fournit les informations nécessaires pour orienter la conservation tout au long du cycle annuel des espèces étudiées dans l’ensemble des Amériques.

We fitted 69 warblers… = Nous avons posé des émetteurs sur 69 parulines à 5 sites d’hivernage et les avons pistées dans le réseau Motus pour étudier l’effet de l’utilisation de l’habitat sur le moment du départ en migration et de la vitesse des déplacements.
Costa Rica Birds… = Costa Rica Les oiseaux des sites plus secs et moins boisés sont partis les premiers.
North America Despite… = Amérique du Nord Mêmes les oiseaux partis les premiers ont mis plus de temps à atteindre le Midwest américain, à tel point que 38% des oiseaux partis après eux les ont rattrapés ou dépassés.
Pour en savoir plus:
Obtenez plus de détails sur cette recherche dans Ornithological Applications: https://doi.org/10.1093/ornithapp/duaf036
Explorez les données Motus recueillies pendant l’étude: https://motus.org/dashboard/#e=profile&d=projects&s=441
Explorez les données Motus se rapportant à cette espèce: https://motus.org/dashboard/#e=profile&d=species&s=16420
Article de NatureCounts sur la Paruline à ailes dorées: https://naturecounts.ca/nc/socb-epoc/species.jsp?sp=gowwar&switchlang=FR
Apprenez-en sur d’autres recherches menées à l’aide de Motus: motus.org/resources/applications
Références:
Bayly N.J., Kendrick, S., Carman, E., Angulo-Irola, M.P., Caicedo-Ortiz, Y. et Mackenzie, S. 2025. «Wetter and more forested nonbreeding areas result in later departures but a faster spring migration in Vermivora chrysoptera (Golden-winged Warbler)». Ornithological Applications 127: 1–14. https://doi.org/10.1093/ornithapp/duaf036
Carman, E., A. Irola, P., Bayly, N. SELVA – Costa Rica (Project 441). 2021-2025. Données récoltées dans le réseau du Système de surveillance faunique Motus, Oiseaux Canada. Source: https://motus.org/?lang=fr. Date de consultation: 2025-08-19