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Par Amie MacDonald, scientifique spécialiste des migrations

 

Beaucoup d’espèces d’oiseaux qui se reproduisent au Canada passent l’hiver au Mexique et dans les Amériques centrale et du Sud, ou survolent ces contrées dans leurs migrations. Ces oiseaux parcourent des distances vraiment impressionnantes pendant leurs odyssées, qui nous unissent en transcendant les frontières et les habitats. Pour assurer la préservation efficace des oiseaux migrateurs, nous devons prendre en compte l’ensemble de leur cycle biologique, collaborer entre pays et aussi promouvoir et soutenir les travaux de recherche et de conservation menés par des chercheurs locaux en Amérique latine.

Récemment, j’ai eu le grand privilège de me rendre au Costa Rica pour contribuer à l’enseignement d’une technique avancée dans le cadre d’un atelier de formation mené par nos partenaires de SELVA: Research for Conservation in the Neotropics et de Proyecto Cerúlea. L’atelier a réuni 11 participants provenant des pays suivants: Costa Rica, Panamá, Nicaragua, Honduras et Guatemala. Cet atelier portait sur la pose de radioémetteurs sur des oiseaux et sur le Système de surveillance faunique Motus. Il a eu lieu à la réserve naturelle de Las Brisas et était organisé par SELVA, Oiseaux Canada, Finca Cantaros et Proyecto Cerúlea, avec le soutien Rodney Briggs, Environment et Changement climatique Canada, du Fish et Wildlife Service des États-Unis.

Le système Motus (nom latin qui signifie «mouvement») est un réseau mondial de recherche collaborative faisant appel à la radiotélémétrie pour suivre les déplacements de petits animaux volants à l’échelle locale et trans-hémisphérique. Il permet à des scientifiques de suivre ces petits animaux sur de grandes distances avec une précision exceptionnelle. Des émetteurs miniatures fixés sur des animaux de pratiquement toutes tailles (des oiseaux, des chauves-souris et même des insectes) transmettent de précieuses données captées par ce réseau de près de 2000 stations réceptrices dont l’exploitation et l’entretien sont assurés par des centaines de chercheurs et d’organisations faisant partie du réseau.

Déployer des émetteurs radio sur des oiseaux en toute sécurité et de manière éthique est une responsabilité qui nécessite une formation et une pratique exceptionnelles. L’atelier était basé sur ce principe. Les participants ont appris les différentes méthodes employées pour équiper les oiseaux d’émetteurs, les considérations à prendre en compte lors du choix de l’émetteur et des types de fixation, ils se sont entraînés à fabriquer différents types de harnais et, surtout, ils se sont exercés à placer des émetteurs sur une variété d’espèces d’oiseaux à l’aide de plusieurs méthodes de fixation. Bien que nous nous soyons surtout exercés avec des émetteurs non actifs qui ont été retirés des oiseaux avant que ceux-ci ne soient relâchés, nous avons également déployé des émetteurs actifs sur des Grives des bois dans le cadre d’une nouvelle étude collaborative à l’échelle de l’aire de répartition qui vient juste de commencer! Cette courte vidéo présente des points saillants de l’atelier.

Des participants à l’atelier baguent des oiseaux et pratiquent la pose de radioémetteurs à la réserve naturelle de Las Brisas. Photo: Amie MacDonald

En plus des méthodes de pose d’émetteurs, l’atelier a couvert des sujets d’importance cruciale pour la conservation des oiseaux:

  • Le réseau Motus – Les participants ont appris le fonctionnement du système, les bases des stations Motus, la gestion et la visualisation des données, et comment concevoir une étude qui utilise Motus de manière efficace.
  • Le potentiel scientifique de Motus et d’autres technologies dans les néotropiques – les études faisant appel au pistage d’oiseaux migrateurs à l’aide de radioémetteurs sont bien positionnées pour l’obtention de taux de détection élevés et d’information essentielle grâce au grand nombre de stations réceptrices au Canada et aux États-Unis.
  • La télémétrie manuelle – Le pistage manuel à l’aide d’un récepteur mobile peut compléter la collecte de données Motus pour l’examen de profils de déplacement à une échelle plus fine.

Ce renforcement des capacités constitue une base essentielle de connaissances et d’expérience pour les personnes qui dirigeront les futurs travaux de recherche et de conservation de l’avifaune et des habitats d’importance régionale et internationale en Amérique centrale, et qui y contribueront.

La réserve naturelle de Las Brisas renferme certains des habitats les plus riches en avifaune au Costa Rica; c’était l’endroit idéal pour tenir l’atelier de formation. Des travaux menés antérieurement par Proyecto Cerúlea et SELVA ont permis de désigner le site comme un habitat de halte important pour la Paruline azurée, une espèce en voie de disparition. Las Brisas accueille une station Motus depuis 2019, et les données recueillies ont fourni plus d’information sur les besoins de cette espèce aux haltes migratoires qu’on n’en avait jamais obtenu auparavant et démontrent les liens entre cet endroit et d’autres sites de l’hémisphère occidental pour les oiseaux migrateurs. Au cours des quatre derniers mois seulement, près de 60 oiseaux de huit espèces ont été détectés à Las Brisas. Ils ont été marqués en divers endroits, de la Colombie-Britannique au Nouveau-Brunswick, ce qui montre que les oiseaux qui nichent d’un océan à l’autre au Canada dépendent d’habitats en Amérique centrale.

J’ai rencontré à Las Brisas de nombreuses espèces qui m’étaient complètement inconnues jusque-là, telles que le Tangara émeraude, le Colibri à coiffe blanche et le Calliste à coiffe d’or. J’y ai également vu des espèces qui m’étaient familières, comme les Parulines à flancs marron, obscure et à poitrine baie, présentes dans des habitats très différents de ceux qu’elles occupent au Canada.

Paruline azurée Photo: Jose Pablo Castillo
Une station Motus dans la réserve naturelle de Las Brisas. Photo: Amie MacDonald

Je suis reconnaissante d’avoir participé à cet atelier et d’avoir beaucoup appris de toutes les personnes que j’ai rencontrées. Maintenant de retour au Canada, je vais continuer à nouer des amitiés et des partenariats à l’échelle internationale, inspirée par les recherches actuelles et à venir au profit de la conservation aviaire en Amérique latine.

Motus est une communauté en pleine expansion de personnes unies à travers les hémisphères par leur passion pour la conservation et le besoin de mieux comprendre comment les animaux utilisent notre espace commun. Motus aide à établir des collaborations et à renforcer la science de la conservation au-delà des frontières.

Le Système de surveillance faunique Motus est un programme international de recherche collaborative géré par Oiseaux Canada. Pour en savoir davantage sur les travaux reliés à Motus en Amérique latine, lisez l’article suivant, paru dans le magazine BirdWatch Canada: Motus: Transcender les frontières au profit de la conservation (la version française commence à la page 2).

Les participants au Taller de colocación de transmisores (atelier de pose d’émetteurs). Photo: Ernesto Carman
Trajectoires établies par Motus d’oiseaux migrateurs détectés à Las Brisas.
Calliste à coiffe d’or (Tangara larvata). Photo: Amie MacDonald

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