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Par Kathy Jones, responsable des bénévoles – Programmes de l’Ontario, Études d’Oiseaux Canada


Poussin de Bécasse d’Amérique Photo : Andrew Tyerman

Je trouve la Bécasse d’Amérique tellement mignonne (je sais, mon jugement est peut-être biaisé) : ses grands yeux, son petit corps trapu et son long bec en font un animal à plumes unique. Les oisillons me font penser à de petits damiers sur pattes. La démarche et la danse aérienne de la bécasse sont des plaisirs pour les yeux. Elle est de loin une de mes espèces d’oiseaux préférée.
Or, sur le sol en forêt, ce bel oiseau se fond parmi les feuilles. Son plumage cryptique, sa petite taille et sa préférence pour les zones où la végétation est dense le rendent difficile à observer. Vous aurez beaucoup plus de chances de l’entendre que de le voir. La Bécasse d’Amérique n’est pas considérée comme une espèce en péril au Canada, mais il est important que nous maintenions les populations des espèces communes. C’est une espèce-gibier dont il est essential d’estimer les effectifs pour en assurer une gestion efficace et la pérennité. C’est là qu’intervient l’Inventaire de la croule de la Bécasse d’Amérique.
Cet inventaire est une tradition de longue date en Ontario, où des citoyens scientifiques visitent des parcours depuis 1968. Il a pour objet d’assurer le suivi des populations de ce limicole unique. Les données récoltées chaque année servent à orienter les programmes de gestion de l’espèce partout dans l’est du continent. Elles trouvent divers usages, dont l’établissement des tendances démographiques à long terme, en vue de fixer les objectifs concernant l’espèce et son habitat dans le cadre de l’American Woodcock Conservation Plan (en anglais) et d’orienter la réglementation de la chasse à l’espèce aux États-Unis.
L’Inventaire mise sur le chant nuptial ostentatoire de la bécasse, un bînt explosif et nasillard (source du clip audio : Le Fish and Wildlife Service des États-Unis). Au début du printemps, pendant la saison de reproduction, les mâles s’adonnent à des parades nuptiales, des vocalisations au sol et des ballets aériens à l’aube et au crépuscule. Pendant cette période, des citoyens scientifiques passent une soirée à visiter les 1500 parcours d’inventaire répartis partout dans l’est du continent. Le long de chaque parcours, le participant ou le groupe de participants fait 10 arrêts de deux minutes pendant lequel il compte tous les bînts qu’émettent les mâles.
En 2010, Études d’Oiseaux Canada a commencé à exécuter l’Inventaire au nom de ses partenaires ontarien et canadien, soit le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario et Environnement et Changement climatique Canada. Depuis, nous (des membres de notre personnel et des citoyens scientifiques) récoltons des données le long de 870 parcours en déployant un effort total minimum de plus de 1100 heures-bénévoles. Et la saison 2019 n’a pas fait exception : au-delà d’une centaine d’équipes de citoyens scientifiques ont participé, et des données ont été recueillies le long de 87 parcours en Ontario.
Le Fish and Wildlife Service des États-Unis a déjà publié l’état des tendances pour 2019 dans son rapport annuel intitulé American Woodcock Population Status, 2019. En Ontario, la chute des effectifs de l’espèce est importante et comparable à celle enregistrée en 2018. Le nombre de mâles entendus en train de vocaliser a diminué de 2,24% en 10 ans et de 1,32% en plus de 50 ans. Mais un graphique est bien plus révélateur. La figure 1 présente les indices de population de la Bécasse d’Amérique en Ontario et dans la Région centrale de l’Inventaire (entre les voies migratoires du Mississippi et de l’Atlantique) depuis 1968. Il est évident que la tendance démographique négative est forte et persistante en Ontario.


Figure 1. Indices annuels du nombre de mâles entendus par parcours pendant l’Inventaire de la croule de la Bécasse d’Amérique de 1968 à 2019, tels qu’estimés par modélisation hiérarchique. Les traits verticaux indiquent les limites supérieure et inférieure de l’intervalle de confiance de 95%.

Comment aidons-nous la Bécasse d’Amérique? Ses besoins et les dangers qui la guettent sont complexes, comme c’est le cas pour beaucoup de nos limicoles. Mais il apparaît très clairement, selon l’American Woodcock Timber Management Plan (en anglais), que la plus importante menace qui pèse sur l’espèce est la perte d’habitat de début de succession végétale. Il serait donc avantageux pour cette espèce et beaucoup d’autres que nous leur fournissions une diversité d’habitats. De plus, je vous recommande de passer en revue le contenu de la page intitulée Les 6 meilleurs conseils d’Études d’Oiseaux Canada, qui présente des suggestions dans le but de soutenir les populations de cette bécasse à long terme et celles de nos autres oiseaux communs.
J’adresse des remerciements particuliers aux citoyens scientifiques de l’Ontario qui donnent de leur temps pour faire le suivi des populations de la Bécasse d’Amérique. Dans son dernier rapport sur l’Inventaire, le Fish and Wildlife Service des États-Unis mentionne que la participation d’observateurs le long des mêmes parcours pendant plusieurs années augmente grandement la qualité des données. Bon nombre des bénévoles de l’Ontario participaient au programme avant mon arrivée et y participent encore. D’autres personnes ont grossi l’effectif des participants et sont déterminées à y demeurer longtemps. Toutefois, comme c’est le cas pour tous les programmes, des gens déménagent ou mettent fin à leur participation pour diverses autres raisons, de sorte que des parcours deviennent disponibles.
Vous aimeriez participer? Je vous invite à remplir le formulaire d’inscription en ligne (en anglais) qui permet de voir l’emplacement des parcours libres. Vous pouvez également communiquer avec moi pour obtenir des précisions : benevolat@oiseauxcanada.org.

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