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Par Janet Hill

Au début de juin 2025, j’ai fait équipe avec une douzaine de spécialistes, de bénévoles et d’amis d’Oiseaux Canada pour une visite guidée sur la conservation des prairies. Cette activité avait pour but de mettre en lumière des programmes de conservation, de rencontrer des partenaires et, bien sûr, d’observer des oiseaux extraordinaires. J’en suis revenue avec des souvenirs inoubliables et une meilleure compréhension de la façon dont Oiseaux Canada utilise la science, l’innovation et les partenariats pour promouvoir la conservation aviaire dans les prairies.

« Le voilà! ». Après avoir roulé vers l’ouest depuis Regina, en Saskatchewan, traversant des océans de terres agricoles, nous sommes arrivés près de Swift Current, au site du projet Cave Pasture, une zone de 300 hectares de prairies indigènes protégées à perpétuité par Conservation de la nature Canada. Haut dans le ciel, un petit oiseau brun vole en décrivant de larges cercles, s’arrêtant de temps à autre pour chanter. C’est un Pipit de Sprague, et son chant territorial peut durer une demi-heure, voire plus. Cet oiseau est un spécialiste des prairies, il dépend entièrement de cet habitat. On ne le trouve que dans les prairies mixtes, seul endroit où ils peut vivre. Avec la disparition des prairies naturelles, les populations de Pipits de Sprague ont diminué de 90% depuis 1970. C’est dans des moments comme celui-ci que l’on prend vraiment conscience que si nous perdons les prairies, nous perdons le Pipit de Sprague et bien plus encore. Les prairies sont un écosystème menacé, et les effectifs des oiseaux qui en dépendent déclinent plus rapidement que pour tout autre groupe d’oiseaux au Canada.

Les prairies sont un écosystème menacé, et les effectifs des oiseaux qui en dépendent déclinent plus rapidement que pour tout autre groupe d’oiseaux au Canada. Photo : Janet Hill

À environ 150 km au sud de Swift Current, nous atteignons la partie ouest du parc national des Prairies. Comme tous nos parcs nationaux, c’est un véritable trésor que j’aimerais que tout le monde puisse voir. À l’aube, alors que nous nous rendons sur le site d’un rituel ancestral spectaculaire, nous apercevons des Courlis à long bec, des Bruants noir et blanc, des Plectrophanes à ventre gris, des Sturnelles de l’Ouest, des Plectrophanes à ventre noir, des Chiens de prairie à queue noire et des Bisons des plaines. Depuis d’innombrables générations, les Tétras à queue fine se rencontrent ici pour danser sur leur terrain de parade. Les observer prendre des poses et tourbillonner en parfaite synchronisation est une expérience inoubliable. Les mâles tournent et tapent des pieds, la tête baissée, la gorge violette dénudée, les ailes arquées et la queue blanche dressée, tandis que les femelles les observent d’un œil critique depuis le bord de l’arène. Les Tétras à queue fine ne migrent pas, ils passent toute leur vie dans les prairies.

Sturnelle de l’Ouest. Photo : Janet Hill
Bison des plaines. Photo: Janet Hill
Tétras a queue fine. Photo : Janet Hill

En arrivant dans la partie est du parc national, notre fourgonnette s’arrête brusquement sur un chemin de gravier: quelqu’un a aperçu un oiseau sur un piquet de clôture. C’est une Chevêche des terriers! Cette petite chouette est désignée espèce en voie de disparition au Canada. Ces oiseaux ne creusent pas leurs propres terriers, mais vivent et élèvent leurs petits dans des terriers creusés par d’autres habitants des prairies, comme les blaireaux, ce qui constitue un autre maillon de la chaîne complexe des relations qui existent dans cet habitat. Une bande de ruban orange est fixée autour du piquet. J’apprends qu’elle a été placée là pour marquer l’emplacement de la précieuse petite maison de cette chouette, afin qu’elle ne soit pas endommagée par les machines d’entretien routier. Ainsi, je constate que les mesures de conservation peuvent prendre toutes sortes de formes.

Les prairies protégées du parc national sont magiques, mais nous sommes également ici pour observer l’habitat essentiel des oiseaux des prairies, lequel comprend des paysages exploités où le pâturage est assuré par des bovins d’élevage plutôt que par des bisons. Nous quittons donc le parc et nous nous dirigeons vers l’est, passant devant des buttes et des badlands, des collines ondulantes, des pâturages et des terres cultivées, en repérant et en comptant les oiseaux au fur et à mesure.

Chevêche des terriers. Photo : Janet Hill

Près du village de Lake Alma, à la limite sud de la Saskatchewan, nous rendons visite aux éleveurs de bétail Ross MacDonald et Christine Peters, qui collaborent avec Oiseaux Canada dans le cadre du programme de l’Indice de préservation de l’avifaune. Cet indice quantifie les effets des activités d’élevage sur la biodiversité et permet aux propriétaires fonciers de suivre leurs efforts et de communiquer leurs résultats. Chez Ross et Christine (98 Ranch), les résultats des efforts déployés pour restaurer et préserver les prairies sont visibles partout sur leur propriété. Des relevés détaillés effectués par l’équipe d’Oiseaux Canada au ranch montrent que la densité de Plectrophanes à ventre noir y est 20 fois plus élevée que dans les environs. Vingt fois plus! J’avais déjà lu ce chiffre dans un rapport, mais être ici, sous l’immense voûte bleue du ciel de la prairie, à voir et à entendre ces oiseaux tout autour de moi me fait vraiment prendre conscience de l’ampleur du phénomène.
Notre exploration des prairies se termine avec des partenariats renforcés, un bilan de 114 espèces d’oiseaux dans le rapport de sortie eBird de notre groupe et des souvenirs vivaces de paysages époustouflants, du bruissement des ailes et du chant des oiseaux, ainsi que du parfum de la sauge. Je suis reconnaissante envers l’équipe dévouée d’Oiseaux Canada et ses partenaires qui mettent la science au service de la protection des prairies et de la lutte contre le déclin des espèces d’oiseaux qui dépendent de ces milieux. En tant que donatrice et bénévole d’Oiseaux Canada, je suis fière de soutenir ce travail essentiel. Le temps presse pour les oiseaux des prairies, et après cette expérience extraordinaire, je suis plus convaincue que jamais qu’il y a de l’espoir si nous continuons à agir. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur notre travail dans les prairies, cliquez ici pour vous renseigner sur nos projets dans cette région et sur l’Indice de préservation de l’avifaune. Vous pouvez aussi faire un don à Oiseaux Canada pour soutenir financièrement nos travaux comme ceux-ci.

Janet Hill, Ph.D

Janet Hill, Ph.D

Janet siège au Conseil d’administration d’Oiseaux Canada. Elle a fait des études en biologie et en microbiologie. Elle est professeure et cheffe du département de microbiologie vétérinaire à l’Université de la Saskatchewan. Passionnée des oiseaux, Janet est une sympathisante active du Birdathon d’Oiseaux Canada et elle participe au Projet FeederWatch depuis 2016.

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