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Par Richard D. Elliot, Ph. D., coprésident, Sous-comité de spécialistes des oiseaux, COSEPAC

 

Lors de sa réunion tenue en mode virtuel en novembre 2020, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a évalué la situation de 40 espèces sauvages ou de populations distinctes de certaines espèces, dont quatre espèces d’oiseaux (voir plus bas).

Le COSEPAC est un organisme consultatif indépendant du ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada. Il évalue la situation d’espèces sauvages et formule des recommandations, dont le gouvernement tient compte pour déterminer quelles espèces bénéficient d’une protection juridique en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada. Pour en savoir davantage sur ce processus, vous pouvez lire cette publication de l’ex-directeur des programmes nationaux d’Oiseaux Canada, Jon McCracken.

Bécasseaux maubèches Photo : Christian Artuso

Le Bécasseau maubèche

Le Bécasseau maubèche, une espèce phare quant à la conservation des limicoles, est exposé à différents dangers tout au long de l’année, pendant laquelle il effectue des migrations vers le sud et vers le nord sur des distances pouvant atteindre 30 000 kilomètres. Des changements dans la méthode de classification de l’espèce ont conduit le COSEPAC à évaluer la situation de cinq populations distinctes en 2020, par rapport à trois en 2007.

Lorsqu’ils s’assemblent aux haltes migratoires dans leurs quartiers d’hiver, ces oiseaux de rivage de moyenne taille sont exposés à des dérangements causés par des activités récréatives, à la concurrence pour l’accès à la nourriture et à la dégradation de l’habitat côtier. Et les risques qu’entraîne le temps violent pendant leurs longs vols migratoires au-dessus de l’océan augmenteront vraisemblablement avec les changements climatiques.

Les individus de la sous-espèce islandica forment la plus grande population de Bécasseaux maubèches, qui s’élève à plus de 128 000 adultes. Ceux-ci se reproduisent dans l’Extrême-Arctique canadien et survolent l’Atlantique Nord pour aller hiverner sur le littoral européen. Des relevés effectués en hiver indiquent que les déclins démographiques déjà observés ont cessé et que les menaces posées naguère par la récolte de mollusques ont grandement diminué; dès lors, le COSEPAC a fait passer le statut de l’espèce de la catégorie Préoccupante à celle de Non en péril.

Les représentants de la sous-espèce roselaari nichent en Alaska et dans l’est de l’Arctique russe et passent l’hiver le long du littoral du Pacifique de l’Amérique du Nord. La majeure partie de la population mondiale de cette sous-espèce – constituée d’environ 22 000 adultes – migre probablement en survolant le Canada, tandis que de petits nombres seulement passent chaque année par la côte de la Colombie‑Britannique. Devant la détérioration de l’habitat et de fortes baisses des effectifs en automne et en hiver aux États-Unis (de 39 à 64 %) sur trois générations révélées par des dénombrements, le COSEPAC a désigné la sous-espèce roselaari en voie de disparition.

Par ailleurs, le COSEPAC a évalué la situation de trois populations distinctes de la sous-espèce rufa qui occupent trois aires de reproduction différentes dans l’Arctique canadien. Celles-ci hivernent également dans trois régions distinctes, où elles sont exposées à des dangers différents. Les trois populations sont cependant confrontées à des menaces similaires pendant leurs migrations le long de la côte est de l’Amérique du Nord, entre autres la récolte de limules (dont les oeufs constituent une ressource alimentaire essentielle pendant les migrations vers le nord) dans la baie du Delaware ainsi que diverses perturbations et la prédation exercée par les populations croissantes de faucons.

Des relevés effectués chaque année confirment que la petite population de la sous-espèce rufa qui hiverne en Terre de Feu (à l’extrémité méridionale de l’Amérique du Sud) continue de diminuer fortement: elle a chuté de 73% à quelque 7500 adultes sur les trois dernières générations. Le COSEPAC a classé cette population en voie de disparition.

De même, le nombre de Bécasseaux maubèches de la sous-espèce rufa qui passent l’hiver le long des côtes sud-est des États-Unis, dans le golfe du Mexique et sur des îles des Caraïbes a connu une baisse marquée, soit d’environ 33 à 84% sur trois générations. Cette population, qui ne compte que quelque 9300 adultes, a également été désignée en voie de disparition.

Une troisième population de la sous-espèce rufa hiverne sur la côte nord-est de l’Amérique du Sud. Bien qu’il soit difficile d’en faire des relevés, il semble que les effectifs soient stables à environ 19 800 adultes. Devant les nombreuses menaces qui continuent de peser sur elle, le COSEPAC l’a classée comme espèce préoccupante.

 

Le Petit Chevalier

Les Petits Chevaliers nichent principalement dans les milieux humides boisés de la région boréale du Canada et survolent les États-Unis et les Caraïbes pour aller hiverner en Amérique du Sud. Les données du Relevé des oiseaux nicheurs de l’Amérique du Nord (BBS) et du Programme international de recensement des oiseaux limicoles révèlent d’importants déclins des effectifs de ce délicat oiseau de rivage de taille moyenne.

Les principales menaces qui pèsent sur l’espèce sont la perte d’habitats d’eau douce et intertidaux fréquentés au cours des migrations et en hiver ainsi que la chasse sportive et de subsistance. Mais d’autres dangers se font jour sous l’influence des changements climatiques: accroissement du risque de sécheresse dans les aires de reproduction, inondations côtières et intensification des ouragans pendant les migrations d’automne. Ces menaces continues, ajoutées aux baisses d’effectifs tout aussi continues, ont incité le COSEPAC à inscrire le nom du Petit Chevalier sur la liste des espèces en péril dans la catégorie Menacée.

Paruline du Canada Photo : Christian Artuso

La Paruline du Canada

Environ les trois quarts de la population mondiale de Parulines du Canada se reproduisent dans des forêts mixtes (de feuillus et de conifères) humides de la région boréale et du sud-est du Canada. Le COSEPAC a désigné espèce comme menacée en 2007 sur la foi des données du Relevé des oiseaux nicheurs de l’Amérique du Nord (BBS) révélant une forte baisse des effectifs. Cependant, ceux-ci connaissent une remontée régulière depuis 2012, à savoir de 46% ces dix dernières années.

Cette augmentation bienvenue témoigne du succès de plusieurs mesures de conservation de l’espèce, surtout sur les lieux d’hivernage dans le nord des Andes. Toutefois, d’importantes menaces persistent, en particulier le déboisement effectué dans les quartiers d’hiver de l’Amérique du Sud afin de créer de l’espace pour l’élevage de bétail et l’agriculture. Ce qui a amené le COSEPAC à désigner cette paruline espèce préoccupante.

L’Océanite cul-blanc (population de l’Atlantique)

Le COSEPAC a évalué la situation de la population atlantique de l’Océanite cul-blanc pour la première fois et recommandé son classement dans la catégorie Menacée. Ce petit oiseau marin passe le plus clair de l’année en mer. Il niche dans des terriers répartis dans quelque 80 colonies sur des îles du large à l’est du Canada, dont la plus grande du monde, celle de l’île Baccalieu, à Terre-Neuve, qui compte près de deux millions de couples nicheurs. Souvent, les adultes parcourent des centaines de kilomètres pour aller capturer de tout petits poissons bioluminescents; ils quittent les colonies et y reviennent la nuit pour éviter la prédation exercée par les grosses mouettes. Les Océanites cul-blanc passent l’hiver dans la zone équatoriale aux eaux productives de l’Atlantique.

 Océanite cul-blanc Photo : Bruce Mactavish

Le nombre de couples nicheurs a chuté d’environ 54% sur trois générations (en 44 ans), et plus abruptement ces dernières années. De nombreux facteurs expliquent le phénomène, entre autres la prédation exercée par les mouettes et l’expansion des colonies de Macareux moines, qui chassent les océanites de leur habitat de nidification préféré. Malgré cela, la population dans son ensemble demeure importante et répandue, quelque cinq millions d’individus nichant dans la région atlantique du Canada.

 

On peut consulter un sommaire des plus récentes évaluation de la situation des espèces sauvages du Canada sur le site Web du COSEPAC.

 

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