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Par Harrison Spilar, Technicien de terrain et de sensibilisation de l’Ontario – Pluvier siffleur et programmes urbains

Peu de gens savent que les Grues blanches sont des danseuses de grand talent. Mark Bidwell et John Conkin le savent certainement. Nous avons eu le privilège de les interviewer lors du plus récent épisode du balado The Warblers d’Oiseaux Canada (en anglais). Mark et John ont passé beaucoup de temps à étudier cette espèce dans son habitat naturel. La Grue blanche est le plus grand oiseau de l’Amérique du Nord; le mâle, dont l’envergure est d’environ 2 mètres, peut atteindre jusqu’à 1,5 mètre de hauteur. La plupart des gens n’auront jamais la chance d’assister à la danse nuptiale des grues.

Mark Bidwell est chercheur en écologie à Environnement et Changement climatique Canada. Il a expliqué que la danse nuptiale est un comportement propre aux 15 espèces de grues et constitue une forme de communication non verbale similaire au langage corporel. Les grues dansent pour renforcer les liens entre les membres des couples et pour attirer des partenaires potentiels. Elle peuvent également danser pour revendiquer leur territoire ou manifester de l’agressivité envers les voisines. Mark décrit la danse de la Grue blanche comme une multitude de battements d’ailes, de hochements de tête et de sauts. En général, ce sont les mâles qui partent le bal, et si une femelle montre de l’intérêt, elle commence à sauter également. Parmi les autres comportements associés à la danse, on peut citer l’ébouriffement des plumes, le battement des pattes et même le grognement. Les grues possèdent un répertoire chorégraphique d’une grande richesse.

Grues blanches. Photo: Lori Parker

Les Grues blanches sont monogames, et les couples se forment pour la vie. Les danses et les divers rituels d’accouplement ont lieu chaque année tout au long de leur cycle de vie. Ces manifestations se produisent à différents endroits le long de leur parcours migratoires, un peu comme si elles étaient des artistes en tournée!

Il n’est pas toujours facile d’assister à un spectacle de Grues blanches, car il s’agit d’une espèce en voie de disparition, dont la seule population autonome compte environ 500 individus. Elles se reproduisent dans les zones humides reculées du parc national de Wood Buffal au Canada, à la frontière entre l’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest et passent l’hiver sur la côte du golfe du Mexique, dans le refuge faunique d’Aransas, au Texas.

Le rétablissement de la grue blanche est considéré comme l’une des histoires les plus remarquables. Dans les années 1920, la population s’est réduite à 15 individus seulement, mais elle s’est rétablie de façon spectaculaire depuis lors. Après l’arrêt de la nidification en Saskatchewan, les sites de reproduction sont restés inconnus pendant un certain temps. En 1954, après une décennie de recherches, on a découvert des lieux de reproduction dans le parc national Wood Buffalo. Il s’agit du plus grand parc national du Canada, créé en 1922 pour protéger le bison des bois. Bien qu’il y ait eu des réintroductions de petites populations, la Grue blanche reste un oiseau extrêmement rare.

John Conkin, biologiste de terrain à Environnement et Changement climatique Canada, a donné un aperçu des programmes de conservation au Canada et des changements qui se produisent à mesure que l’aire de reproduction s’étend. «Depuis le début du suivi des populations dans les années 1960, les effectifs ont plus que décuplé. Et l’aire de reproduction a été multipliée par 300,» a expliqué John. L’incroyable travail de recherche et de terrain effectué par des biologistes comme Mark et John démontre l’effet significatif que la conservation peut avoir sur le devenir d’une espèce en péril.

Grue blanche. Photo: John Conkin

La Grue blanche, comme beaucoup d’autres espèces d’oiseaux, a dû relever des défis tels que la fragmentation de son habitat, la chasse excessive et les changements climatiques. Grâce au dévouement des défenseurs de l’environnement et des citoyens scientifiques, l’espèce est parvenue à se rétablir après avoir frôlé l’extinction, mais il reste encore un long chemin à parcourir. Mark et John font partie d’une équipe qui travaille à la réalisation d’une évaluation complète de la santé des Grues blanches et des habitats dont elles dépendent. Les résultats permettront de mieux comprendre les facteurs qui influent sur leur nombre et déboucheront, espérons-le, sur la prise de nouvelles mesures bénéfiques pour l’espèce.

Pour en apprendre davantage sur l’incroyable Grue blanche et d’autres espèces d’oiseaux en voie de disparition ou menacées dont il est question dans notre série «The Wake-up Call», abonnez-vous et ne manquez pas le dernier épisode du balado The Warblers (en anglais).

Grue blanche. Photo: Lori Parker
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