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Fel Castaneda Gamboa, gestionnaire d’impact et des communications narratives – Coopération et conservation internationales, Oiseaux Canada

Plus tôt cette année, Oiseaux Canada a choisi le Moucherolle à côtés olive comme ambassadeur aviaire pour 2024. Alors que l’année tire à sa fin, nous pouvons réfléchir à ce que cette fonction implique exactement. La mission diplomatique du Moucherolle à côtés olive a commencé en mai, lorsqu’il est arrivé au Canada. Il nous a transmis un message urgent, mais pour le comprendre, nous devons être très attentifs.

Moucherolle à côtés olive. Photo: Chantal Jacques

Les oiseaux qui sont revenus au Canada ce printemps étaient environ 3% moins nombreux que ceux qui sont partis à l’automne 2023. Année après année, la population de Moucherolles à côtés olive diminue à peu près d’autant. Cela nous raconte l’histoire d’un monde en mutation. Un monde où il y a moins d’insectes à capturer et moins d’arbres où nicher.

En traversant l’hémisphère d’un bout à l’autre, les oiseaux migrateurs ont l’occasion de voir le monde d’un point de vue que nous, humains, comprenons rarement. Lorsque nous prenons l’avion, nous ne faisons pas d’escale dans chaque forêt et sur chaque cours d’eau. Depuis le hublot d’un avion, dans une cabine pressurisée, nous ne remarquons pas la disparition des écosystèmes en cours de route, mais le Moucherolle à côtés olive, lui, s’en aperçoit. Chaque fois qu’il revient au printemps, il apporte avec lui une histoire du monde au-delà des frontières humaines. Un monde qui nous demande de toute urgence d’agir et d’opérer de grands changements.

Nous rapporter cette histoire n’est que la première partie de la mission de notre ambassadeur aviaire.

Au Canada, près des clairières, autour des brûlis et à la lisière des zones ouvertes, le Moucherolle à côtés olive se perche sur les branches les plus hautes et scrute le paysage. Il descend en piqué et attrape, en plein vol, n’importe quel insecte ailé qui passe à proximité. Il retourne ensuite à son perchoir et grignote ce qu’il a attrapé. Ce comportement lui a valu le nom de «moucherolle», mais cet oiseau représente bien plus que les comportements que nous lui connaissons ici au Canada. Après tout, il ne passe que quatre mois avec nous pendant la saison de reproduction.

Le reste du temps, le Moucherolle à côtés olive se trouve dans les zones tropicales de son aire d’hivernage ou voyage pour s’y rendre et en revenir. Alors que nous nous représentons ses quartiers d’hiver sous les tropiques comme un paradis au chaud climat, en réalité, il est là pendant la saison sèche – une saison de pénurie.

C’est peut-être cette rareté qui explique pourquoi, pendant la migration, on voit parfois ces oiseaux manger des fruits aussi bien que des insectes, ce sont plus que de simples «moucherolles». Cependant, si leur attribut le plus fondamental – celui qui leur a donné leur nom – ne représente qu’un aspect de ce qu’ils sont, que pourrions-nous ignorer d’autre à leur sujet?

En volant vers le sud, le Moucherolle à côtés olive devient de plus en plus énigmatique. Très peu de recherches ont été menées sur l’espèce pendant ses migrations. En cours de route, cet oiseau interagit avec différentes autres espèces, dans des écosystèmes très différents, avec l’aisance naturelle de n’importe quel habitant de ces régions. Au fur et à mesure que son monde change, ces interactions devront également changer, mais de manières que nous ne connaissons ou ne comprenons pas vraiment.

En Amérique centrale et du Sud, les recherches sur ces oiseaux et sur les raisons du déclin rapide de leur population ont été beaucoup moins nombreuses. C’est là que réside le message que nous confions à notre ambassadeur aviaire pour qu’il le transmette au sud à partir du Canada, à savoir un appel à l’aide. Nous devons collaborer avec des personnes au-delà de nos frontières pour mieux comprendre le monde que nous partageons et en prendre soin.

En juin 2024, Oiseaux Canada a annoncé son adhésion au programme Conserva Aves grâce au soutien d’Affaires mondiales Canada. De concert avec l’American Bird Conservancy, la National Audubon Society, BirdLife International et le Latin American and Caribbean Network of Environmental Funds (RedLAC), nous sommes déterminés à en apprendre davantage sur les oiseaux migrateurs. Forts de nos nouvelles connaissances, nous souhaitons travailler aux côtés du Moucherolle à côtés olive afin de répertorier les zones prioritaires pour la biodiversité et la conservation aviaire. Conserva Aves soutiendra les communautés locales dans la création et la gestion durable de plus de cent zones infranationales protégées dans 12 pays d’Amérique latine d’ici 2028.

Andes du sud de l'Équateur
Aires non-reproductives du Moucherolle à côtés olive dans le sud des Andes équatoriennes. Photo: Jody Allair

Dans quelques mois, les Moucherolles à côtés olive quitteront de nouveau les tropiques. Ils défieront les obstacles – qui prennent de l’ampleur – et parcourront plus de 16 000 kilomètres à travers l’hémisphère. Ils retourneront dans des endroits familiers, comme de petites poches de la forêt boréale où ils ont déjà réussi à se reproduire. Certains individus reviendront dans ces paysages familiers pour y trouver un habitat gravement altéré, si tant est qu’il existe encore.

Ici, soyons honnêtes. Le Moucherolle à côtés olive n’est pas seulement l’ambassadeur de la forêt boréale canadienne ou des insectivores aériens. Il est aussi l’ambassadeur des migrateurs au long cours, qui n’appartiennent pas à un seul écosystème ou à un seul pays. Le Moucherolle à côtés olive nous fait prendre conscience d’un large éventail d’écosystèmes entre les Andes menacées et les forêts boréales, elles aussi vulnérables. Son voyage peut nous rappeler l’interdépendance de tous les écosystèmes, de toutes les espèces et de tous les humains, ainsi que la nécessité urgente de nous unir pour protéger les espaces où nous vivons ensemble.

 

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