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Par Kris Cu, spécialiste – Sensibilisation, Colombie-Britannique et Rémi Torrenta, coordonnateur des programmes, Colombie-Britannique, Oiseaux Canada

Nous sommes en 1901. Un naturaliste en randonnée le long d’une falaise en Californie tombe sur un nid contenant un œuf inconnu et l’envoie à un ornithologue pour qu’il l’identifie. L’homme ne le sait pas à ce moment-là, mais sa découverte constitue la première mention scientifique d’un nid de Martinet sombre. C’est exactement ce qui est arrivé à A.G. Vrooman et, près de 120 ans plus tard, le cycle biologique de cette espèce est toujours entouré de mystère.

Les Martinets sombres sont des insectivores aériens qui construisent leurs nids derrière des chutes d’eau abruptes et sur les flancs de canyons humides. Ces endroits inaccessibles protègent les oisillons des prédateurs tout en assurant une température et une humidité constantes aux nids. Pendant la journée, ces oiseaux volent très haut dans le ciel et apparaissent comme de minuscules points tandis qu’ils se nourrissent de fourmis ailées et de mouches. Leur cycle biologique et leur comportement uniques les rendent particulièrement difficiles à étudier.

Martinet sombre sur son nidt. Photo: Kris Cu

Certains appellent le Martinet sombre «martinet des nuages» car il peut voler jusqu’à une altitude de près de 4000 mètres quand la lune est pleine. Il semble que ce comportement offre de meilleures possibilités alimentaires et d’évitement des prédateurs. Il a également été démontré qu’en dehors de la période de reproduction, cet oiseau peut passer jusqu’à huit mois dans les airs. Cette adaptation unique repose sur une technique de vol hybride «battements d’ailes-vol plané», par opposition au vol traditionnel par battements d’ailes continus de la plupart des oiseaux. Cela permet au Martinet sombre d’économiser de l’énergie et de rester plus longtemps dans les airs.

Une énigme demeure: pourquoi la population de Martinets sombres a-t-elle baissé de plus de 90% depuis les années 1970? L’espèce est classée en voie de disparition au titre de la Loi sur les espèces en péril du Canada et figure sur la liste bleue annexée à la B.C. Wildlife Act. Le Canada accueille environ 81% de la population nord-américaine.

Pour trouver de nouveaux lieux de nidification en Colombie-Britannique, surveiller les nids et évaluer les causes potentielles du déclin des effectifs, notre équipe a effectué des relevés à plus de 20 chutes d’eau et a trouvé un total de 10 nids au cours de la saison de terrain 2022. En 2023, nous avons visité 12 chutes d’eau et surveillé un total de 10 nids, dont quelques nouveaux nids. Le travail était incroyablement difficile et impliquait des marches dans un milieu naturel comptant parmi les plus beaux de la Colombie-Britannique, mais très accidenté.

Rémi Torrenta, coordonnateur des programmes, Colombie-Britannique Photo : Kris Cu
Nid de surveillance de l’équipe de terrain. Photo: Kris Cu
 Martinet sombre Photo : Roger Beardmore

Notre vidéo intitulée «Des chutes d’eau et des ailes» (en anglais avec sous-titres et description en français) vous permet d’accompagner des biologistes d’Oiseaux Canada sur le terrain. Ceux-ci cherchent des nids dissimulés entre des corniches moussues sur les parois d’un canyon. Et nous dévoilons un pan de la mystérieuse existence des Martinets sombres. Nous espérons que vous aimerez cette courte vidéo et que vous nous aiderez à sensibiliser les gens à propos de cette énigmatique espèce en voie de disparition. Notre nouveau rapport de recherche portant sur une colonie de Martinets sombres que nous avons surveillée en 2022 (la première colonie étudiée dans la région côtière de la Colombie-Britannique!) sera publié ce mois‑ci dans la revue scientifique British Columbia Birds.

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