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Bruant à couronne blanche avec nano-émetteur
Photo : Margaret Eng

Les résultats d’une nouvelle étude (en anglais) qui viennent d’être publiés dans la revue Science révèlent que l’utilisation généralisée d’un insecticide de la classe des néonicotinoïdes pourrait entraîner de fortes baisses de populations d’oiseaux.
Des chercheurs ont constaté que des Bruants à couronne blanche exposés à une dose de l’insecticide imidaclopride – une modeste quantité qu’un oiseau présent dans une zone agricole pourrait vraisemblablement consommer – perdaient du poids et prenaient plus de temps à reprendre leur migration que les individus non exposés. Ces effets pourraient réduire les taux de survie et le succès de la reproduction chez les individus touchés.
L’équipe de scientifiques était composée de Margaret Eng, Ph. D., de l’Université de la Saskatchewan, auteure principale de l’article, de Christy Morrissey, Ph. D., de la même université, et de Bridget Stutchbury, Ph. D., de l’université York. Ces scientifiques ont mené leur recherche à l’Observatoire d’oiseaux de Long Point, dans le sud de l’Ontario, un endroit où les bruants font halte pendant leur migration. Elles ont mesuré la composition corporelle des oiseaux avant et après l’exposition à de faibles doses d’imidaclopride et ont suivi leurs déplacements à l’aide du Système de surveillance faunique Motus d’Études d’Oiseaux Canada.
Deux groupes de bruants ont été exposés respectivement à une « faible » ou une « forte » dose de l’insecticide. Les sujets exposés à une «forte» dose (mais néanmoins une petite quantité) ont perdu en moyenne 6% de leur masse corporelle en seulement six heures après l’ingestion. De plus, les mêmes sujets ont repris leur migration en moyenne 3,5 jours plus tard que ceux d’un groupe témoin qui n’avaient pas été exposés à l’imidaclopride.
« Ces résultats semblent être associés à la suppression de l’appétit causée par l’imidaclopride, affirme Mme Eng. Les oiseaux exposés à cette substance mangeaient moins et il est probable qu’ils ont mis plus de temps que les autres à reprendre leur migration parce qu’ils avaient besoin de plus de temps pour récupérer et refaire le plein d’énergie. »
Les néonicotinoïdes comme l’imidaclopride constituent le groupe d’insecticides agricoles le plus utilisé dans le monde. Leur toxicité pour les insectes a été démontrée, et les résultats de l’étude qui nous occupe s’ajoutent à une quantité croissante de données probantes selon lesquelles les effets négatifs se répercutent aussi sur d’autres organismes vivants.
« Les néonicotinoïdes ont de profondes répercussions sur les écosystèmes touchés, soutient Silke Nebel, Ph. D., vice-présidente, Science et conservation, à Études d’Oiseaux Canada. Si on continue d’utiliser les néonicotinoïdes au Canada, on contribuera directement au déclin des populations de nos oiseaux et des insectes qu’ils consomment. »
En avril 2019, Santé Canada a terminé les réévaluations de trois pesticides de la classe des néonicotinoïdes, dont l’imidaclopride. Le ministère a annoncé qu’il éliminera progressivement certaines utilisations des pesticides et qu’il modifiera les restrictions à certaines autres. Toutefois, cela contraste avec la décision adoptée en 2018 par l’Union européenne d’interdire toutes les utilisations à l’extérieur de ces mêmes trois néonicotinoïdes.
Le financement de la recherche dont les résultats ont été publiés dans la revue Science a été assuré dans le cadre du Programme de subventions à la découverte et du Programme de subventions d’outils et d’instruments de recherche du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, par la Fondation Kenneth M. Molson et grâce à une bourse du programme Mitacs Accélération en partenariat avec Études d’Oiseaux Canada.

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