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L’auteur : Tony Gaston, auteur et ornithologue

Il y a bien longtemps, les corbeaux étaient très présents dans la culture humaine. Chez les peuples indigènes de la côte nord-ouest, ils étaient et sont toujours considérés comme les géniteurs de la création. Pendant des millénaires, leur vie a été mêlée à celle de l’humanité, mais il y a quelques siècles, ce lien a été rompu : Les Européens n’avaient que faire des grands corbeaux. Ils les ont chassés dans la nature.

Mais les corbeaux étaient patients. Ils attendaient et observaient. Aujourd’hui, pratiquement tout le monde au Canada a rencontré des corbeaux d’une manière ou d’une autre. Oiseau timide des forêts, des montagnes et de la toundra, ils sont devenus, au cours des deux dernières décennies, un spectacle familier dans la plupart des villes. Leur relation avec l’homme est encore méfiante. Ils se souviennent des fusils et des pièges d’hier, mais leur audace grandit d’année en année. Les corbeaux sont des oiseaux très observateurs et parmi les plus intelligents de la nation ailée. Alors, que pensent-ils de nous, lorsqu’ils nous observent du haut de leur perchoir ? C’est ce que je me suis souvent demandé en observant les corbeaux qui m’observent.

Grand corbeau. Photo: Aaron Pengelly

Mes voyages m’ont amené à côtoyer des corbeaux dans le désert du Sahara, sur les hauts plateaux du Tibet, parmi les colonies d’oiseaux de mer de l’Arctique et, surtout, le long des côtes de Haida Gwaii. Sur les îles recouvertes de forêts de Laskeek Bay, où j’étudiais les pingouins nichant dans des terriers, les corbeaux étaient une présence quotidienne et nous devions tenir compte de leur habileté et de leur opportunisme dans chacun de nos actes. Ils pouvaient ruiner nos recherches en repérant les terriers marqués et en tuant nos oiseaux d’étude, et ils pouvaient s’emparer de tout ce qui était laissé sans surveillance. C’est nous qui devions nous méfier.

La patience et l’habileté des corbeaux de Haida Gwaii, l’étendue et la subtilité de leur langage, l’utilisation d’arbres de nidification traditionnels et de territoires traditionnels, m’ont permis d’établir de nombreux parallèles avec les sociétés humaines traditionnelles. Et si nous pouvions communiquer avec les corbeaux ? Que pourrions-nous apprendre ? Que pourrions-nous enseigner ? Ensemble, que pourrions-nous accomplir ? Ces réflexions ont été à l’origine de mon dernier livre pour enfants, A Raven Conspiracy (Une conspiration de corbeaux, en anglais).

 

Haida Gwaii, C.-B. Photo: David Bradley

Bien avant que l’Homme moderne n’ait quitté l’Afrique, les corbeaux, les plus intelligents des oiseaux, dirigeaient l’ordre de la nature dans le monde. Au début, nous avons collaboré avec eux, mais au fur et à mesure que nous devenions plus forts grâce à nos outils et à nos armes, et surtout à nos machines, ils sont devenus inutiles et nous les avons mis à l’écart. Ils ont vu que nous pillions de plus en plus les ressources de la Terre et ils ont eu le sentiment que la nature tout entière était en danger. Un grand conclave de corbeaux s’est réuni en Asie centrale, auquel participaient des représentants de toute l’aire de répartition des corbeaux. Ils décidèrent qu’ils ne pouvaient plus rester à l’écart. Leur plan n’était pas de se battre, mais simplement d’ouvrir les yeux des gens sur ce que nous perdions en déchirant la nature. Pour attirer notre attention, ils ont sollicité l’aide de quelques enfants dans chaque pays, profitant du fait que la capacité de parler en corbeau persiste chez certains jeunes enfants. Bien que la conspiration n’ait pas eu d’effet immédiat, des graines ont été plantées, prometteuses pour l’avenir.

Mon livre se veut à la fois un récit d’aventure et un enseignement sur l’environnement, tout en imaginant ce que peuvent penser les corbeaux qui m’observent.

À propos de l’auteur :

Tony Gaston, qui a grandi en Angleterre, a passé toute sa vie à étudier les oiseaux et les environnements naturels. Il a écrit des études détaillées sur la vie des guillemots de Troïl et des guillemots de Brünnich, et il a rencontré et étudié les corbeaux dans les forêts côtières de la Colombie-Britannique, les Hautes Terres écossais, le Sahara central, le Haut-Arctique canadien et les trans-Himalayas de l’Inde. Il a travaillé à Haida Gwaii pendant plus de 30 étés et compte les corbeaux qui y vivent parmi ses amis les plus proches.

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