Par Stuart Mackenzie, directeur – Actifs stratégiques, Oiseaux Canada
La Paruline rayée (Setophaga striata) est un passereau de petite taille – elle pèse seulement 12 grammes – mais renommé pour ses extraordinaires migrations. Chaque année, elle parcourt des milliers de kilomètres entre les forêts boréales d’Amérique du Nord et les régions tropicales d’Amérique du Sud, et vice-versa.
Depuis une dizaine d’années, un groupe dévoué de scientifiques, dirigé par Stu Mackenzie, d’Oiseaux Canada, Ryan Norris, Ph. D., de l’Université de Guelph, et Bill DeLuca, Ph. D., de la National Audubon Society, étudie les complexités des migrations de la Paruline rayée, en s’appuyant sur des technologies de pistage avant-gardistes (principalement des géolocalisateurs photosensibles) et des données de science citoyenne, pour répondre à des besoins urgents en matière de conservation. Au début de décembre 2024, le groupe a publié les résultats de ses travaux dans la revue scientifique Nature – Scientific Reports, sous la direction de Jelany Duali, étudiant de cycle supérieur à l’Université de Guelph et coopérateur à l’Observatoire d’oiseaux de Long Point (OOLP).
Coopérateur à OOLP Jelany Duali avec une Paruline rayée. Photo: Matt Fuirst
Directeur, actifs stratégiques, Stu Mackenzie. Photo: Yousif Attia
Dans un premier temps, nos travaux ont confirmé que, pendant leur long voyage vers le sud, les Parulines rayées traversent l’océan Atlantique depuis la côte est de l’Amérique du Nord jusque dans le nord de l’Amérique du Sud. Par la suite, nous avons mis en évidence un «schéma de migration transversale». Contrairement à de nombreux autres oiseaux migrateurs, les individus des populations nicheuses de l’Ouest hivernent dans l’est de l’Amérique du Sud, tandis que les nicheurs de l’Est se déplacent vers l’ouest. Ce croisement met en évidence les réseaux migratoires complexes de l’espèce, qui s’étendent sur plus d’un continent et relient divers écosystèmes.
Ces oiseaux, qui ne pèsent pas plus de 12 grammes, provenant de la partie la plus occidentale de leur aire de répartition, parcourent jusqu’à 12 000 km en une seule migration.
Ces études ont également permis de repérer des sites d’escale essentiels à la survie des Parulines rayées. La côte est des États-Unis, le nord du Venezuela et la Colombie apparaissent comme des zones critiques où ces oiseaux se ravitaillent et se reposent au cours de leur épuisant voyage. Ces haltes migratoires leur permettent de faire des réserves d’énergie ou de récupérer après des vols sans escale au-dessus de l’océan Atlantique pouvant dépasser 4000 kilomètres, un exploit qui les place parmi les champions de l’endurance aviaire.
Malgré leurs capacités remarquables, les Parulines rayées connaissent un déclin important de leur population, de l’ordre de 2,3% par an en moyenne depuis 1970. La perte d’habitat dans les principaux sites d’escale et d’hivernage, en particulier en Amérique du Sud, constitue une grave menace. Ces perturbations pourraient mettre en péril la survie de l’espèce en entravant les étapes critiques de ses voyages migratoires.
Les résultats de nos recherches soulignent l’urgence de préserver les habitats le long des voies migratoires de la Paruline rayée. Les efforts doivent se concentrer sur la sauvegarde des sites d’escale, la restauration des habitats dégradés et la lutte contre les menaces telles que la déforestation. Pour réussir, il faudra une collaboration internationale entre les gouvernements, les organismes de protection de la nature et les communautés locales, à l’instar de la participation d’Oiseaux Canada au programme Conserva Aves et du Programme de formation de Latino-Américains de l’OOLP.
Paruline rayée. Photo : Yousif Attia
Vous pouvez agir concrètement
Il existe différentes façons de soutenir la conservation des espèces migratrices comme la Paruline rayée.
- Participer à des programmes de science citoyenne comme eBird Canada, le Recensement des oiseaux de Noël ou le Projet FeederWatch, qui enrichissent nos connaissances sur l’état des populations d’oiseaux du Canada.
- Contribuer à des programmes de recherche, de restauration d’habitats et de conservation dans l’ensemble de leurs aires de répartition, entre autres les programmes Conserva Aves et La science dans le Nord d’Oiseaux Canada.
- Promouvoir et soutenir les politiques et les programmes qui financent la recherche sur les oiseaux migrateurs et leurs habitats et assurent leur protection.
- Voyez comment vous pouvez devenir des champions de la cause des oiseaux.
Les longs et difficiles voyages de la Paruline rayée témoignent de la résilience et de la complexité de la nature. En conjuguant nos efforts, nous pouvons faire en sorte que cette espèce survive et continue d’inspirer les générations futures.
Lectures suggérées
Note: Tous les articles indiqués ci-dessous, à l’exception du troisième, sont en anglais seulement.
For more information check out these resources:
- Tableau de bord relatif à la Paruline rayée du Système de surveillance faunique Motus
- Compte rendu sur la Paruline rayée de la plateforme NatureCounts
- Bird Migration Explorer – Audubon
- De Luca et al. 2014 -Transoceanic migration by a 12 g songbird
- De Luca et al. 2019 – A boreal songbird’s 20,000 km migration across North America and the Atlantic Ocean
- Bayly et al. 2020 – There’s no place like home: tropical overwintering sites may have a fundamental role in shaping migratory strategies.