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Par Jody Allair, directeur – Engagement communautaire, Oiseaux Canada

Certains oiseaux captent l’imagination comme aucun autre. Des oiseaux qui caractérisent des contrées sauvages lointaines remplies de tourbières à épinettes noires, des vallées montagneuses pittoresques et des migrations périlleuses sur de longues distances vers des contrées tropicales luxuriantes. Pour moi, un de ces oiseaux est le Moucherolle à côtés olive. C’est l’oiseau parfait pour occuper le devant de la scène en tant qu’ambassadeur aviaire d’Oiseaux Canada pour 2024.

Moucherolle à côtés olive sur une branche
Une Moucherolle à côtés olive sur une branche. Photo: Ian Burgess

Cette espèce est la quintessence des passereaux migrateurs au long cours. Des voyages incroyables, une apparence robuste et un port altier, même sans les couleurs élaborées et ornementales de ses voisins, les parulines. Et même si j’aimerais épiloguer sur la façon dont cet habitant de la forêt boréale canadienne représente le Canada, il s’agit en fait d’un oiseau que l’on retrouve dans tout l’hémisphère occidental, la majeure partie de son temps étant consacrée à la migration et aux lieux qu’il fréquente après la reproduction en Amérique centrale et du Sud.

Il y a beaucoup de choses à dire ici. Le Moucherolle à côtés olive est un insectivore aérien (le groupe d’oiseaux dont les effectifs diminuent le plus rapidement au Canada), il parcourt de très longues distances et doit affronter de nombreux dangers: effets des changements climatiques, perte d’habitat sur les sites de reproduction et autres au cours de l’année, fenêtres, lumières, etc. La liste pourrait être encore plus longue, mais le message est clair. Cet oiseau méconnu doit surmonter de nombreuses difficultés au cours de sa vie.

Nous espérons qu’en racontant des histoires du Moucherolle à côtés olive tout au long de l’année, nous pourrons attirer l’attention sur les problèmes auxquels sont confrontés les oiseaux de la région boréale, sur l’importance des écosystèmes forestiers intacts dans le nord de l’Amérique du Sud et sur les problèmes auxquels sont confrontés tous nos oiseaux migrateurs au long cours.

Mais tout d’abord, il convient d’en raconter davantage sur le Moucherolle à côtés olive.

Son cycle biologique

Une Moucherolle à côtés olive en vol. Photo: Joachim Bertrands

Au Canada, le Moucherolle à côtés olive se rencontre dans les forêts de conifères depuis Terre-Neuve jusqu’à la Colombie-Britannique, et vers le nord jusqu’au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest. En général, il préfère les forêts matures situées à proximité de zones humides ouvertes telles que les tourbières, les marais et les rivières, mais on peut également le trouver à proximité ou même à l’intérieur de brûlis. L’une des choses les plus importantes dont il a besoin est un perchoir haut et proéminent avec beaucoup d’espace ouvert pour la recherche de nourriture dans les airs.

Le Moucherolle à côtés olive est un grand migrateur qui voyage de l’extrême nord de la forêt boréale canadienne jusqu’à la cordillère des Andes en Amérique du Sud en automne. Au printemps, il revient généralement dans son aire de nidification canadienne à la mi-mai, où il défend d’immenses territoires (pouvant atteindre 45 hectares!) et produit une seule couvée de trois à quatre œufs.

Cet oiseau a une allure impressionnante. C’est un passereau de taille moyenne qui mesure de 18 à 20 cm de long et pèse de 32 à 37 grammes (à peu près l’équivalent d’une ampoule électrique standard de 60 watts). Cet oiseau a une tête crêtée, de longues ailes et une queue relativement courte et légèrement fourchue. Le dessus du corps est gris olive foncé et le dessous est blanc, ce qui contraste avec la poitrine et les flancs striés de brun-gris. D’autres caractéristiques sont souvent visibles quand on observe de plus près: des taches blanches sur les côtés du croupion, des chevrons gris foncé sur les parties inférieures de la queue et un très grand bec sombre dont la mandibule inférieure est orange.

Selon moi, un des plus importants traits distinctifs de l’espèce est sa posture. Ce moucherolle se tient bien droit pendant de longues périodes au faîte d’un grand arbre ou d’un chicot. De là, il guette ses proies (généralement de gros insectes) et s’élance soudainement pour attraper un insecte en vol et revenir au même perchoir pour engloutir son repas.

Une Moucherolle à cotés olives dans sa posture caractéristique. Photo: Ian Burgess

Mais, sans l’ombre d’un doute, ce qui distingue le plus le Moucherolle à côtés olive est son chant sifflé perçant: QUICK, THREE BEERS! Cette onomatopée imitant un chant d’oiseau est une des premières que j’ai apprises dans mon enfance et, à mon avis, ce chant est un des plus remarquables parmi les oiseaux.

Voici d’autres faits intéressants sur le Moucherolle à côtés olive:

 

  • Son bec est tellement fort qu’on peut souvent entendre un claquement sonore lorsqu’il attrape un insecte sans méfiance dans les airs.
  • Et, parlant d’insectes… l’abeille compte parmi ses mets préférés.
  • Le Moucherolle à côtés olive fait partie du genre Contopus, dans la famille des Tyrannidés.
  • L’individu le plus âgé jamais enregistré avait plus de sept ans.

La population de Moucherolles à côtés olive est en déclin constant dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce. Au Canada, cet oiseau est inscrit sur la liste des espèces préoccupantes au titre de la Loi sur les espèces en péril. L’un des principaux facteurs contribuant à ce déclin est la perte d’habitat dans les aires de post-nidification en Amérique du Sud et, dans une certaine mesure, dans l’aire de reproduction. Le groupe d’oiseaux auquel ce moucherolle appartient, les insectivores aériens, est en déclin constant depuis les années 1970 et, selon le rapport sur l’état des populations d’oiseaux du Canada 2019, il représente le groupe aviaire le plus menacé au Canada. La diminution des populations d’insectes, les pesticides (tels que les néonicotinoïdes) et même les changements climatiques, qui affectent la disponibilité saisonnière des proies, sont autant de facteurs qui contribuent probablement à cette tendance négative à long terme.

J’espère que cette information vous incitera à sortir en 2024 et à essayer de voir de vos propres yeux notre ambassadeur aviaire, l’étonnant Moucherolle à côtés olive. Si vous vivez dans la région boréale ou dans les forêts de montagne de l’ouest du Canada, cherchez-le dans les habitats en lisière de forêt de mai à juillet. Et voici un bon conseil pour ceux qui essaient d’en trouver un pendant la migration. Au printemps, les Moucherolles à côtés olive traversent le sud du Canada assez rapidement. Cependant, leur migration d’automne est extrêmement longue et commence à la fin de juillet et au début d’août. Je trouve souvent un Moucherolle à côtés olive entre le milieu et la fin d’août dans un parc ou un espace vert local, surtout s’il y a de grands conifères ou des chicots sur lesquels il peut se percher.

Demeurez aux aguets, d’autres récits, faits saillants, résultats de recherches portant sur cet incroyable oiseau, le Moucherolle à côtés olive, seront publiés tout au long de 2024!

QUICK, THREE BEERS!

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