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Par Pete Davidson, directeur principal – Stratégie de conservation, et Danielle Ethier, Ph. D., scientifique spécialiste des populations d’oiseaux (les deux à l’emploi d’Oiseaux Canada et membres du Sous-comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC)

 

Une façon de mesurer l’état de la biodiversité de la planète consiste à évaluer le risque de disparition des espèces. Les bénévoles qui récoltent des données à cette fin, dont vous qui participez aux programmes de science citoyenne d’Oiseaux Canada, jouent un rôle important à cet égard. Merci à celles et ceux d’entre vous qui mettez la main à la pâte! À l’échelle nationale, nous avons la Loi sur les espèces en péril (LEP), qui repose pour son application sur les évaluations effectuées par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). À l’échelle mondiale, le risque de disparition des espèces d’oiseaux est évalué par BirdLife International, l’autorité officielle en ce qui touche les oiseaux aux fins de la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature)™.

Photo: Laura Tranquilla

À la fin de 2022, le COSEPAC a évalué la situation de deux espèces d’oiseaux parmi une liste d’autres animaux, de plantes et de lichens. En vertu de la LEP, il est obligatoire de réévaluer la situation des espèces environ tous les dix ans. Cette fois-ci, le COSEPAC a réévalué la situation de la Grive de Bicknell et de l’Engoulevent bois-pourri, déjà désignés espèces menacées. Ces oiseaux sont plus souvent entendus que vus, car c’est à l’aube et au crépuscule qu’ils se manifestent le plus, vocalement ce qui rend difficile le suivi des tendances de leur population à l’aide des méthodes d’enquête standard.

 

La Grive de Bicknell

La Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) conserve son statut d’espèce menacée. Sa population continue de décliner dans son habitat de prédilection pour la reproduction, soit les forêts de montagne dans le sud du Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et dans le nord-est des États-Unis. Notamment, les enquêtes menées par Oiseaux Canada montrent une diminution récente des détections (le nombre de fois où les oiseaux ont été vus, entendus ou enregistrés en train de vocaliser) de la Grive de Bicknell dans les anciens bastions de l’île du Cap-Breton, à la limite nord de son aire de répartition.  

Les données qui servent aux évaluations sont issues du Relevé des oiseaux nicheurs de l’Amérique du Nord (Breeding Bird Survey), des atlas des oiseaux nicheurs, d’eBird, de la base de données du programme ÉPOQ (Étude des populations d’oiseaux du Québec) de QuébecOiseaux et les relevés de la Grive de Bicknell effectués par Oiseaux Canada en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick dans le cadre du Programme des oiseaux terrestres de haute altitude. 

Les menaces qui pèsent sur la Grive de Bicknell au Canada comprennent l’éclaircie précommerciale (une pratique forestière) de l’habitat dans les coupes à blanc en régénération, ainsi que les modifications de l’habitat naturel dues au changement climatique et au pâturage par les grandes populations d’orignaux. Oiseaux Canada fait partie du Groupe international de conservation de la Grive de Bicknell, qui coordonne les efforts déployés pour stopper le déclin de la population.

Grive de Bicknell Photo: Melissa Hafting

L’Engoulevent bois-pourri

Le COSEPAC a fait passer le statut de l’Engoulevent bois-pourri (Antrostomus vociferous) dans la catégorie des espèces préoccupantes, qui est juste en dessous celle des espèces menacées (lesquelles inquiètent davantage). Les données sur les effectifs semblent indiquer que ceux-ci pourraient s’être stabilisés ou avoir augmenté en certains endroits. C’est un bon signe, mais la qualité des données ayant servi à faire cette évaluation n’était pas aussi bonne que souhaitée.

Pour combler cette lacune, Oiseaux Canada coordonne l’exécution de l’Inventaire canadien des engoulevents, un programme mis sur pied avec succès par WildResearch. Nous comptons bien présenter les résultats de cet inventaire ciblé au cours des prochaines années. Cliquez ici pour en apprendre davantage sur cet inventaire et savoir comment y participer.

L’Engoulevent bois-pourri fait partie du groupe d’oiseaux appelés insectivores aériens qui se nourrissent d’insectes en vol. Les spécialistes s’inquiètent de la baisse du nombre d’insectes dont ces oiseaux se nourrissent, laquelle est causée par l’utilisation constante de pesticides. Parmi les autres menaces qui pèsent sur cet oiseau, citons la perte et la dégradation de son habitat et les ouragans de plus en plus fréquents et violents qui sévissent le long de ses voies de migration.

Engoulevent bois-pourri Photo: Ron Ridout

Le papillon monarque

En 2022, aucun changement n’a été apporté à la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN concernant les espèces d’oiseaux présentes régulièrement au Canada. Toutefois, un insecte emblématique qu’Oiseaux Canada a beaucoup étudié s’est ajouté en 2022 à cette liste en tant qu’espèce classée en danger: la sous-espèce migratrice du papillon monarque (Danaus plexippus plexippus).

Cette sous-espèce du monarque passe l’hiver au Mexique et en Californie puis monte vers le nord jusqu’à ses lieux de reproduction estivaux partout aux États-Unis et au Canada. La population s’est réduite de 22 à 72% au cours des dix dernières année seulement, sous l’influence des pesticides et des herbicides utilisés dans ces zones ainsi que de la coupe de bois illégale dans l’aire d’hivernage.

La surveillance effectuée par l’Observatoire d’oiseaux de Long Point (OOLP) – le programme fondateur d’Oiseaux Canada et le plus ancien observatoire d’oiseaux de l’hémisphère occidental – ne se limite pas à l’avifaune. On y assure le suivi des papillons monarques depuis plus de 25 ans. Les informations sur cet insecte recueillies par l’OOLP se sont avérées inestimables pour la science de la conservation, car elles constituent le seul ensemble de données normalisé au Canada permettant d’établir les tendances de la migration automnale, l’écologie des haltes migratoires et la phénologie de cette sous-espèce en voie de disparition (p. ex., Crewe et McCracken 2015, Ethier 2020, Ethier et Mitchell 2023). Les monarques sont des pollinisateurs essentiels dans les écosystèmes qu’ils traversent au cours de leurs migrations annuelles, et ils ont une grande valeur culturelle. La découverte d’une tendance à la baisse de la population de cet insecte important démontre la valeur du maintien de programmes de surveillance à long terme, basés sur le bénévolat, pour la recherche scientifique.

 

 Papillon monarque Photo: Stu Mackenzie

Vous pouvez venir en aide aux espèces en péril

Oiseaux Canada est reconnaissant envers tous ses bénévoles, sympathisants et partenaires engagés dans la conservation, qui s’emploient à améliorer le sort des espèces d’oiseaux au pays. Pour savoir comment vous pouvez soutenir les oiseaux qui sont sources d’inquiétudes sur le plan de la conservation et aider à maintenir l’abondance de nos espèces communes, consultez votre guide pour la sauvegarde des oiseaux du Canada.

Vos données servent à évaluer le risque de disparition

Les données de surveillance récoltées par les bénévoles d’Oiseaux Canada prennent une part importante du processus d’évaluation, car elles contribuent à mieux savoir comment se portent les populations aviaires. Le Sous-comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC, qui évalue en détail la situation des espèces et qui fournit des recommandations sur l’état des populations à la structure principale du COSEPAC, se base souvent sur les données recueillies par les participants au Relevé des oiseaux nicheurs (BBS), aux campagnes des atlas des oiseaux nicheurs et aux inventaires axés sur des groupes d’espèces et des habitats particuliers. Les données du Canada alimentent le processus de l’UICN par la participation de membres du personnel d’Oiseaux Canada aux forums sur les oiseaux menacés à l’échelle mondiale (page en anglais) et d’autres façons.

 

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