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Dévergondage sur les plages – Une saison de nidification très spéciale
Par Harrison Spilar, technicien – Pluviers siffleurs et Sensibilisation

Par Harrison Spilar, technicien – Pluviers siffleurs et Sensibilisation

 

En 2007, après 30 ans d’absence, le Pluvier siffleur, un petit oiseau de rivage en voie de disparition, est retourné nicher en Ontario. En 2018, Oiseaux Canada entre en scène et instaure le Programme de conservation du Pluvier siffleur en Ontario dans le but de standardiser les travaux de conservation de l’espèce dans l’ensemble de la province. Chaque saison de nidification apporte son lot de surprises, mais celle de 2023 s’est démarquée. Ainsi, des membres du personnel, des partenaires et des bénévoles d’Oiseaux Canada l’ont comparée en plaisantant à une émission de téléréalité. En effet, ils ont assisté à beaucoup de «dévergondage» sur les plages…

La saison de reproduction a commencé comme toutes les autres auparavant. Fin avril, début mai, les pluviers sont arrivés sur les plages et ont commencé à établir leurs territoires. Les premiers couples étaient les suivants :

  • Flash et Pepa sur la plage Woodland, dans le canton de Tiny,
  • Patty et Ollie de retour sur leur site dans la baie Georgienne,
  • Gotawsi et Nancy se sont appariés pour la première fois dans la zone 1 de la plage Wasaga, et
  • Chewie et Saga ont choisi l’intimité d’un autre lac à distance des autres couples.

Des membres du personnel, des partenaires et des bénévoles d’Oiseaux Canada surveillent de près les nids de Pluviers siffleurs occupés tout au long de la saison de nidification afin d’en apprendre davantage sur l’espèce et les interactions entre les individus ainsi que sur leur environnement et d’assurer leur protection par divers moyens.

Or, vers le 15 mai 2023, quelque chose a commencé à sembler suspect.

Notre bien-aimé Flash, qui en était à sa quatrième saison de nidification à la plage Woodland, était introuvable. On soupçonne un Faucon émerillon, aperçu dans le secteur quelques jours auparavant, de l’avoir capturé. Pepa, sa compagne, âgée de 11 ans et très expérimentée, a couvé ses oeufs toute seule. Toutefois, sans mâle pouvant la relever pour qu’elle se nourrisse, elle s’est fatiguée. Elle a dû chercher une autre plage pour y trouver un nouveau partenaire.

Pepa a donc quitté les lieux, abandonnant quatre oeufs sur la plage.

Dotés de permis en règle, des membres du personnel d’Oiseaux Canada sont rapidement passés à l’action, mettant en œuvre une stratégie de conservation novatrice pour l’Ontario. Les quatre œufs ont été recueillis sur la plage et, grâce à une collaboration entre le Zoo de Toronto, le Service canadien de la faune et le Fish and Wildlife Service des États-Unis, ils ont été transportés au zoo de Détroit pour y être couvés en captivité.

Une employée d’Oiseaux Canada recueille les oeufs de Flash et de Pepa en vue de leur transfert vers un centre d’élevage en captivité. Photo: Oiseaux Canada

Pendant ce temps, Nancy, une vétérante de 12 ans, et Gotawsi, qui nichait pour la première fois, étaient appariés à la plage Wasaga. Les choses allaient assez lentement, mais on observait régulièrement l’accouplement. Cependant, à seulement 5 km au sud de sa plage d’origine, Pepa s’est arrêtée à Wasaga pour vérifier s’il y avait des mâles avec qui elle pourrait s’accoupler. Gotawsi, confronté à deux femelles expérimentées, ne savait plus où donner de la tête. Des surveillants ont vu Nancy pondre des œufs dans le nid que Gotawsi l’avait aidée à établir, tandis que ce dernier était en train de s’accoupler sans vergogne avec Pepa.

Nancy, jalouse à juste titre, a abandonné sa première ponte de quatre oeufs pour essayer de reconquérir son partenaire. Pepa, qui avait pour sa part pondu trois oeufs supplémentaires (!!!), les a également abandonnés en regardant Gotawsi courir vers Nancy. Si vous suivez bien, cela fait sept autres œufs abandonnés. Ces oeufs ont également été recueillis et apportés au centre d’élevage en captivité du zoo de Détroit.

Gotawsi à la plage Wasaga. Photo : Hannah Stockford

Passons maintenant à quelques kilomètres de là, sur une autre plage de la baie Georgienne. Patty et Ollie y ont établi un nid avec quatre œufs. Pepa a rendu visite à Ollie; on l’a vue s’accoupler avec lui, bien qu’Ollie ait continué à soutenir Patty tout au long de l’incubation. Cependant, Ollie a été mis à l’épreuve lorsque non pas une, ni deux, mais trois autres femelles portant une combinaison de bagues identique à celle de Patty se sont arrêtées sur la plage. Heureusement, il semble qu’Ollie n’était pas aussi confus que le personnel et les bénévoles qui observaient le tout.

Le dernier couple à s’établir était celui de Chewie et Saga. Comme ils étaient loin de l’action, près du parc provincial Presqu’ile sur le lac Ontario, ce sont eux dont la nidification était la moins complexe, sans «adultère» observé de toute la saison. Pas tout à fait… on a vu Chewie quitter la plage avec un autre mâle… mais ce sera à suivre l’an prochain.

Malgré toute cette saga, la nidification a quand même porté des fruits!

Chewie et Saga ont élevé trois oisillons jusqu’au premier envol, Nancy et Gotawsi ont fait de même avec deux oisillons, ce qui fait un total de cinq petits amenés jusqu’à l’émancipation. Par ailleurs, une première a été enregistrée : des oisillons conçus au Canada sont nés et ont été élevés en captivité, puis remis en liberté dans la population sauvage! L’un d’eux, Woody, de la ponte de Flash et Pepa, a été libéré à New York, tandis que deux rejetons de Gotawsi et Nancy l’ont été au Michigan.

La saison de reproduction 2024 sera-t-elle aussi enlevante que celle qui vient de se terminer? Suivez la saga à @ontarioplovers sur Instagram, X (Twitter) et Facebook.

A newfly fledged Piping Plover stands alone on a sparsely vegetated beach.
Un oisillon au parc provincial Presqu’ile. Photo : Jake Nafziger

L’été 2023 des Pluviers siffleurs en Nouvelle-Écosse

Par Avery Nagy-MacArthur

L’été 2023 a offert beaucoup de rebondissements aux Néo-Écossais, de nombreux citoyens ayant subi les effets du plus grand incendie de forêt de l’histoire récente de la province, puis des inondations associées à des pluies torrentielles historiques.

Malgré les conditions météorologiques difficiles, nous sommes heureux de constater que la population de pluviers a été largement épargnée et que les résultats de la nidification ont été positifs pour la deuxième année consécutive. Nous sommes reconnaissants du soutien continu de nos partenaires et des bénévoles qui participent aux efforts de conservation sur les plages de la province!

Les couples de pluviers nous ont surpris en donnant naissance à des jeunes sur plusieurs plages où ils n’avaient pas niché avec succès depuis des années en raison de divers problèmes, notamment les perturbations humaines et la disponibilité limitée d’un habitat de nidification de qualité.

Dans le comté de Shelburne, un couple a établi un nid tardivement sur la plage Crescent, étroite et très fréquentée, à Lockeport, où l’espèce a eu du mal à nicher avec succès dans le passé en raison de l’exiguïté des lieux. Dès que le nid a été découvert, des bénévoles et des habitants de la localité se sont mobilisés pour sensibiliser les baigneurs à la nécessité de protéger le nid et, plus tard, les oisillons vulnérables et très mobiles. Heureusement, les parents ont pu élever leurs quatre poussins jusqu’à leur envol, ce qui est un résultat rare même sur les plages qui accueillent régulièrement des pluviers, et un succès spectaculaire sur une plage où cela ne s’était pas produit depuis plus de 20 ans!

Quatre jeunes se reposent sous l’oeil attentif de leur père sur la plage Crescent, à Lockeport. Photo : Bill Crosby

De même, on a observé la nidification d’un couple sur la plage Hirtle, dans le comté de Lunenburg, pour la troisième fois seulement depuis le début du programme de surveillance en 2006. Cette plage pittoresque mène au sentier de randonnée le plus populaire de la région et est très fréquentée en été. Les pluviers ont niché dans le seul habitat approprié disponible sur cette plage par ailleurs rocailleuse, s’installant dans une petite zone sablonneuse également appréciée des amateurs de bronzage. Le personnel et des bénévoles ont passé de nombreuses heures à sensibiliser les baigneurs, leur demandant d’éviter la zone de nidification clôturée et de tenir leurs chiens en laisse. Les gens de la région n’ont pas tardé à me suivre pour me signaler des observations de pluviers ou pour me demander de l’information sur l’évolution de la situation. Fin juillet, nous avons organisé une promenade sur la plage, à laquelle ont participé 14 personnes enthousiastes qui ont découvert la biologie des pluviers, notre travail de protection de cette espèce en voie de disparition et la manière dont ils pouvaient apporter leur contribution.

Selon nos estimations, il y avait environ 60 couples reproducteurs dans la province en 2023. Il s’agit du total le plus élevé en plus de 30 ans et de la première fois où la population de pluviers en Nouvelle-Écosse s’est approchée de la cible de 60 couples fixée pour le rétablissement des effectifs depuis qu’Oiseaux Canada a entrepris la surveillance de la nidification dans la province en 2006. Toutefois, malgré les succès remportés localement, la situation reste précaire à l’échelle régionale, la population totale dans l’est du Canada étant encore bien en dessous de l’objectif de 310 couples.

Des amoureux des pluviers se sont réunis sur la plage Hirtle le 15 juillet pour observer les couples nicheurs et se renseigner sur les activités de surveillance et d’intendance de l’espèce menées par Oiseaux Canada. Photo : Wanda Baxter

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