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Par Patrick Nadeau, président-directeur général

Les oiseaux migrateurs sont de retour. Partout au pays, le personnel d’Oiseaux Canada et des milliers de bénévoles participent activement à des douzaines de programmes de conservation, de surveillance et de sensibilisation. J’avais hâte de les rencontrer et, franchement, j’avais grand besoin de troquer mon écran d’ordinateur contre de la crème solaire. J’ai donc fait mes valises pour une tournée à caractère ornithologique dans les Maritimes. Voici un résumé de l’aventure.

Baker-Brook, Nouveau-Brunswick

La famille passe avant tout! J’ai commencé mon périple en visitant ma grand-mère Mariette à Baker-Brook, dans la maison où mon père a grandi. Quel bonheur de la revoir! Comme d’habitude, nous avons parlé pendant un moment des oiseaux qui se trouvent dans les environs.

Beaucoup d’hirondelles – pendant que nous parlions, une Hirondelle bicolore faisait des aller-retour depuis le nichoir installé par grand-maman dans la cour. À la rivière, il y a encore des Hirondelles de rivage, mais beaucoup moins qu’à l’époque où, enfants, nous allions nous y amuser avec nos chambres à air. Malheureusement, cela fait des années que grand-maman n’a pas vu de Goglus des prés dans la cour, où ils étaient pas mal présents autrefois. Les insectivores aériens se raréfient dans le coin – et à l’échelle du continent – ce qui explique pourquoi Oiseaux Canada accorde une importance particulière au rétablissement de ce groupe d’oiseaux.

Ce bon vieux pont couvert typique du Nouveau-Brunswick, situé à quelques pas de chez ma grand-mère, continue d’accueillir des hirondelles. Photo: Patrick Nadeau
Ce bon vieux pont couvert typique du Nouveau-Brunswick, situé à quelques pas de chez ma grand-mère, continue d’accueillir des hirondelles. Photo: Patrick Nadeau

Mont-Carleton, Nouveau-Brunswick

J’ai ensuite emprunté des routes secondaires jusqu’aux monts Christmas, dans le centre-nord du Nouveau-Brunswick. J’y ai rencontré mes collègues d’Oiseaux Canada Laura Archenbach (gestionnaire des travaux de terrain) et Sasha Chilibeck, Catherine Woo-Durand et Mariane Meilleur (techniciennes de terrain -– Espèces les plus préoccupantes), qui participent à notre programme de longue date axé sur la Grive de Bicknell.

Patrick effectue un décompte de points pour la Grive de Bicknell.
J’ai bravé les mouches noires pendant un relevé de la Grive de Bicknell, mais ça valait la peine: j’ai entendu cet oiseau chanter pour la première fois!

Vous n’avez jamais vu ou entendu une Grive de Bicknell? Ce n’est pas du tout surprenant, car elle compte parmi les passereaux les plus insaisissables de l’Amérique du Nord. L’aire de nidification de cette espèce menacée se limite à quelques parcelles de forêts denses de haute altitude dans les Maritimes, au Québec et en Nouvelle-Angleterre. Oiseaux Canada surveille cette grive en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick depuis plus de 20 ans sous la forme de relevés effectués par des observateurs ou au moyen d’enregistreurs sonores autonomes.

La localisation des grives influe directement sur les efforts de conservation: les sociétés forestières évitent de travailler là où l’espèce est présente. Nos activités là-bas ont exercé une influence directe, et significative, sur l’ébauche de la stratégie de rétablissement de l’espèce au Nouveau-Brunswick qui, si elle est mise en œuvre correctement, constituera un pas encourageant dans la bonne direction. 

Mont-Carleton, Nouveau-Brunswick

L’étape suivante: le parc de la plage Youghall. On y trouve une colonie d’Hirondelles de rivage menacées sur la côte, où l’érosion et les activités humaines mettent à mal ce fragile habitat. Avec plusieurs partenaires, dont le Service canadien de la faune, Oiseaux Canada y a mené un projet de côte vivante. Mes collègues Ally Manthorne (directrice associée – Programmes de l’Atlantique et stratège – Conservation des insectivores aériens) et Allison MacKay (planificatrice en conservation) m’ont expliqué que l’approche des côtes vivantes implique la plantation de végétaux indigènes et l’établissement d’une zone tampon non tondue pour stabiliser la berge et faire en sorte qu’elle continue d’accueillir les hirondelles. L’initiative menée à Bathurst inspire d’autres municipalités à emboîter le pas, et nous sommes impatients de voir cette approche se répandre pour le mieux-être des Hirondelles de rivage, dont les effectifs se sont effondrés de 98% depuis 1970.

Staff at Youghall Beach
Des membres du personnel et partenaires d’Oiseaux Canada au site du projet de côte vivante. Photo: Patrick Nadeau
Youghall Beach
Des terriers d’Hirondelles de rivage ponctuent cette berge. La clôture faite de matériaux naturels qu’on voit au premier plan est temporaire. Elle sert à donner aux végétaux plantés derrière le temps de s’enraciner pour remplir la fonction qui leur est destinée. Photo: Patrick Nadeau

Mahone Bay et Lockeport, Nouvelle-Écosse

Après le somptueux barbecue servi à Sackville, au Nouveau-Brunswick, par mes collègues de la région atlantique – tous jardiniers et chefs de grand talent – je me suis dirigé vers le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.

En cours de route, j’ai rendu visite à un de mes prédécesseurs, George Finney, président émérite d’Oiseaux Canada. George m’a gracieusement fait visiter sa propriété (un autre maître jardinier!) et nous avons discuté de l’époque où il était à la barre de ce qui était alors Études d’Oiseaux Canada, de 2004 à 2014. Cela m’a rappelé la riche histoire de notre organisation, et j’étais heureux d’avoir l’occasion de remercier George en personne pour tout ce qu’il a accompli pendant son mandat.

Patrick et George
Patrick Nadeau en compagnie d’un de ses prédécesseurs, George Finney, président honoraire d’Oiseaux Canada. Photo: Patrick Nadeau
Des membres du personnel d’Oiseaux Canada, des bénévoles, des représentants du gouvernement de la Nouvelle-Écosse et de la Canadian Wildlife Society ont visité une plage où nichaient des Pluviers siffleurs à Lockeport, en Nouvelle-Écosse. Photo: Patrick Nadeau

Je me suis ensuite rendu à Lockeport, où j’ai eu du mal à contenir mon excitation lorsque j’ai observé mon tout premier couple de Pluviers siffleurs nicheurs. D’autres collègues, Sue Abbott (directrice associée – Programmes de la Nouvelle-Écosse), Avery Nagy-MacArthur (biologiste – Oiseaux de rivage de la Nouvelle-Écosse) et Chy (Shy) Nickerson (adjointe – Intendance des plages du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse pour les espèces les plus préoccupantes), ainsi que des spécialistes du gouvernement de la province et du Service canadien de la faune m’ont fait saisir l’importance de l’intendance des plages pour la préservation de cette espèce.

J’ai eu l’honneur de rencontrer plusieurs des bénévoles qui accomplissent ce travail dans différentes régions de la province depuis des décennies!

Bridgetown, Nouvelle-Écosse

La dernière étape de mon voyage s’est déroulée au moment où le soleil se couchait sur Bridgetown. Dans le ciel, des Martinets ramoneurs, une espèce menacée, jacassaient en commençant à tourner autour de leur cheminée-dortoir. Cette cheminée n’est pas vieille, elle n’est même pas fonctionnelle! Elle a été construite par les autorités locales spécifiquement pour les martinets, avec l’apport et l’expertise majeurs d’Oiseaux Canada, après que la cheminée précédente, à l’école secondaire de la ville, ait été démolie. C’était extraordinaire d’être en compagnie ce soir-là de nombreux membres de la communauté et de représentants du gouvernement qui ont rendu possible la construction de ce nouveau dortoir. Alors que mes collègues Ally Manthorne (planificatrice de la conservation par interim), Rielle Hoeg (biologiste chargée de la sensibilisation à l’Atlantique), Heather Polowyk (coordonnatrice – conservation des Hirondelles de rivage), et Samantha Tucker (adjointe à l’intendance des martinets, hirondelles et limicoles) commençaient à compter les martinets qui s’engouffraient dans la cheminée pour la nuit (j’ai perdu le compte après environ deux secondes), je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ce que tous mes arrêts avaient en commun: des êtres humains passionnés et dévoués. Je ne ferais pas ce travail si je ne croyais pas fermement que nous pouvons renverser la vapeur. Si nous sommes suffisamment nombreux à nous rassembler et à nous impliquer, nous parviendrons à stopper et à inverser la perte de biodiversité. Notre slogan n’a jamais été aussi pertinent pour moi: Ensemble, nous sommes la voix des oiseaux au Canada.

Des membres du personnel d’Oiseaux Canada et des bénévoles ont participé à la soirée d’observation des Martinets ramoneurs à Bridgetown, en Nouvelle-Écosse. Photo: Patrick Nadeau
À l’avant-plan, le panneau d’interprétation de la cheminée-dortoir de Martinets ramoneurs à Bridgetown, en Nouvelle-Écosse. Photo: Patrick Nadeau
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