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Allison Manthorne, stratège – Conservation des insectivores aériens, Oiseaux Canada

«Hirondelle bicolore!» 

Dans un murmure de surprise, 40 têtes se lèvent et cherchent l’oiseau qui voltige. C’est la première observation de l’espèce cette année à Bathurst, au Nouveau-Brunswick. Voilà que l’hiver a fait place au printemps.

Nous sommes rassemblés dans le parc de la plage Youghall avec pelles, émondeurs et gants pour mener à bien un nouveau projet de restauration d’une falaise côtière au profit des Hirondelles de rivage. La quarantaine de participants se compose de résidents locaux, de représentants d’organismes de gestion de bassins versants, d’horticulteurs, de leaders autochtones, de biologistes du gouvernement fédéral et d’étudiants du collège communautaire de la région. Ce projet d’aménagement d’une «Côte vivante» a pour but de redonner vie à la pelouse manucurée située au-dessus de la falaise et de stabiliser sa base pour aider le site à résister à la force brutale des tempêtes d’hiver et des averses d’été qui l’attaquent. Avec le temps, les saules, les lauriers et les rosiers sauvages nouvellement plantés consolideront le sol et abriteront une communauté diversifiée d’insectes qui nourriront les Hirondelles de rivage, tout en ramenant le taux d’érosion annuel à un niveau viable. Les membres de la communauté continueront à vérifier les progrès au site et à nous communiquer les données de suivi pour nous aider à mesurer le succès du projet au cours des années à venir.

Travaux sur le site du projet de restauration de Youghall Beach.
Travaux pour le projet de restauration de la plage Youghall ayant lieu avant l’arrivée des premières Hirondelles de rivage.
Plantes prêtes à être utilisées dans le projet de restauration de Youghall Beach.
Avec le temps, les saules, les lauriers et les rosiers sauvages nouvellement plantés consolideront le sol et abriteront une communauté diversifiée d’insectes qui nourriront les Hirondelles de rivage, tout en ramenant le taux d’érosion annuel à un niveau viable.

Des projets et des partenariats comme celui-ci sont la source d’inspiration de mon travail à Oiseaux Canada en tant que stratège – Conservation des insectivores aériens.

Partout au pays, nous travaillons avec des partenaires pour cerner les lacunes en matière de connaissances et les nouvelles menaces qui pèsent sur les oiseaux, et nous mettons nos efforts en commun pour relever des défis complexes.

Bénévoles participant au projet de restauration de Youghall Beach.
Travaux pour le projet de restauration de la plage Youghall ayant lieu avant l’arrivée des premières Hirondelles de rivage.

L’Hirondelle de rivage est confrontée à de nombreux problèmes. De tous les insectivores aériens du Canada, c’est-à-dire les oiseaux qui se nourrissent d’insectes en vol, c’est cette espèce qui connaît le déclin le plus marqué de sa population.

La cause exacte de la diminution des populations d’insectivores aériens reste un peu mystérieuse. Après tout, les espèces de martinets, d’hirondelles, de moucherolles et d’engoulevents incluses dans cette guilde diffèrent beaucoup l’une de l’autre par leurs habitats de reproduction, leurs itinéraires de migration, leurs zones d’hivernage et même les types d’insectes dont ils se nourrissent. Mais les insectes sont le fil conducteur qui les unit, et les populations d’insectes sont également en difficulté dans le monde entier.

Il n’est pas facile de cerner les causes des déclins des populations d’oiseaux et d’insectes et d’élaborer des stratégies pour y remédier. Il s’agit d’un processus continu qui commence par des recherches approfondies et un suivi scientifique afin de comprendre comment les pratiques de gestion des terres, telles que l’application de pesticides et la récolte du bois, affectent la qualité de l’habitat des oiseaux. Des programmes de suivi à long terme, tels que l’Inventaire canadien des engoulevents et le Programme de suivi des nids d’oiseaux, produisent également des données permettant d’éclairer les tendances régionales et nationales des populations et peuvent nous indiquer comment les changements climatiques, l’intensification de l’agriculture et l’étalement urbain affectent les insectivores aériens. Des partenariats avec des municipalités contribuent également à l’élaboration de nouvelles politiques et de nouveaux règlements visant à renforcer la conservation des habitats aviaires à plus grande échelle. Les sympathisants d’Oiseaux Canada s’expriment et aident à amplifier les appels pour mettre fin aux pratiques ou aux développements nuisibles et plaident en faveur de politiques et de lois favorables aux oiseaux (page en anglais).

Bien sûr, rien de tout cela ne serait pas possible sans les importantes contributions de citoyens scientifiques de tout le Canada qui réalisent des relevés d’oiseaux et fournissent des données chaque année. En outre, des partenariats comme ceux de Wolastoq et de la Kespukwitk Conservation Collaborative ont contribué à réunir des représentants du secteur agricole, des nations autochtones, des gouvernements provinciaux et fédéral, du milieu universitaire et du secteur de la conservation en vue d’arriver à une convergence et d’élaborer des stratégies de rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats.

…de retour dans le parc de la plage Youghall en cette journée ensoleillée de mai. Les Hirondelles de rivage reviendront dans seulement quelques semaines à cette falaise côtière, et toutes les personnes ici présentes aujourd’hui attendront avec impatience de voir comment elles s’adapteront à ce nouveau paysage. Avec un peu de chance, et grâce aux efforts combinés de cette équipe s’activant sous le soleil et sur sable, elles seront en mesure de surmonter les tempêtes à venir et de continuer à prospérer dans cet endroit spécial.

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